La criminalité liée aux espèces sauvages est l’une des plus importantes activités criminelles transnationales, mettant en péril la survie de milliers d’espèces animales et végétales et accélérant l’effondrement actuel de la biodiversité. Le commerce illégal d’animaux sauvages vivants est source d’immenses souffrances. Beaucoup d’entre eux meurent lorsqu’ils sont capturés, transportés et gardés dans des maisons comme animaux de compagnie exotiques. Le commerce légal d’animaux sauvages, en particulier lorsqu’il y a un manque de réglementation et de contrôle, peut faciliter la propagation de maladies zoonotiques, créant ainsi d’énormes menaces pour l’humanité.

Avec le COVID-19, il apparaît encore plus urgent de faire de la criminalité liée aux espèces sauvages une priorité pour les gouvernements, les décideurs politiques et les consommateurs. Le renforcement de la volonté politique de s’attaquer à ce problème nous a encouragés. Au cours de l’année écoulée, les experts d’IFAW ont partagé leurs connaissances lors de réunions consacrées à la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, notamment celles organisées par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les groupes de travail de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et d’autres réseaux de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.

IFAW s’efforce de voir cette volonté politique et sociale se traduire par un renforcement de la législation, par une mise en œuvre des politiques d’entreprise, par des ressources adéquates pour les forces de l’ordre ainsi que par l’éducation des consommateurs et des actions ciblées les concernant.

lutter contre la criminalité tout au long de la chaîne

IFAW lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages dans le monde entier à chaque maillon de la chaîne commerciale. Il faut des lois fortes, une coordination mondiale, une exécution rigoureuse et un changement de comportement des consommateurs afin de réduire la demande de produits issus d’animaux sauvages. Nous aidons les forces de l’ordre et les institutions judiciaires chargées de faire appliquer ces législations et de poursuivre les criminels. Nous proposons également des formations sur mesure et des programmes de tutorat pour les forces de l’ordre ainsi que des ateliers pour les experts judiciaires.

Lorsque les infrastructures ont fermé et que les pays se sont retrouvés confinés à cause du COVID-19, le tourisme et les revenus locaux se sont effondrés. En conséquence, la pratique du braconnage a augmenté en Afrique, ce qui a amené les écogardes à étendre leurs patrouilles et à couvrir plus de kilomètres chaque jour.

Grâce à la Fondation TUI Care, nous avons pu soutenir les opérations de protection de la faune sauvage du Kenya Wildlife Service dans la Zone de conservation de Tsavo en fournissant 10 000 litres supplémentaires de carburant, un véhicule pour les opérations sous couverture, quatre motos, 16 ordinateurs portables, quatre imprimantes, quatre tentes et 180 paires de bottes, pour une valeur totale de près de 50 000 dollars.

Au cours de l’exercice 2021, IFAW a assuré la formation et le soutien opérationnel de 236 agents des forces de l’ordre, procureurs et juges dans 10 pays de trois régions. Lors des opérations exécutées par les organisations soutenues par IFAW, 1 340 kilogrammes d’ivoire ont été saisis.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous avons organisé des formations pour sensibiliser à la conservation des requins et au commerce illégal de leurs ailerons.

En Chine, nous avons fourni un soutien constant aux forces de police et aux douaniers grâce à l'identification des espèces et des produits, au partage de données et à la consultation des lois et des réglementations pertinentes. Les renseignements que nous avons partagés ont permis d’appréhender un vendeur d’ivoire présumé.

IFAW a organisé des ateliers conjointement avec les autorités locales chargées de la lutte contre la contrebande dans le sud de la Chine (à la frontière avec la Birmanie, le Laos et le Vietnam) afin de perturber et de prévenir le trafic d’espèces sauvages via les canaux logistiques et de transport. Plus de 1 000 manuels de développement des capacités ont été distribués à 51 entreprises de transport afin de sensibiliser leur personnel aux réglementations et d’améliorer leur capacité à identifier les produits sauvages couramment transportés. Une autre formation au Yunnan a réuni 35 agences gouvernementales, 12 sociétés de logistique et de transport et 10 sociétés de livraison express.

En collaboration avec le bureau de lutte contre la contrebande de l’Administration générale des douanes de Chine (GACC), IFAW a organisé en avril 2021 un atelier sur l’application des règles douanières contre le trafic d’espèces sauvages dans la région Asie-Pacifique. Les autorités douanières de la Chine continentale, de la région administrative spéciale de Hong Kong, du Vietnam, du Laos, de Singapour et de la Malaisie ont eu des échanges approfondis sur les caractéristiques des affaires de contrebande d’espèces menacées.

Nous avons également pu lancer trois nouvelles initiatives pour protéger la faune sauvage et lutter contre le commerce illégal au Kenya, en Ouganda, en République démocratique du Congo et en Zambie.

Une formation essentielle afin de protéger les guépards

Il reste moins de 7 500 guépards à l’état sauvage. Les guépards font l’objet d’un trafic destiné au commerce illégal d’animaux de compagnie, de la Corne de l’Afrique à la péninsule arabique. C’est pourquoi IFAW travaille avec le Cheetah Conservation Fund (CCF) et Legal Atlas pour mettre fin au braconnage et au trafic de guépards d’Éthiopie de Somalie et du Somaliland via le Yémen. Financé par le gouvernement britannique et son Illegal Wildlife Trade Challenge Fund, le projet Renseignement judiciaire contre le commerce illicite du guépard (LICIT) offre un soutien au renforcement de la législation nationale et à l’établissement de réseaux d’application de la loi pour soutenir les activités de lutte contre le trafic.

Une série d’opérations de répression en Somalie ou au Somaliland a permis de confisquer plus de 40 bébés guépards. Cela a conduit à l’organisation d’un sommet frontalier de deux jours en novembre 2020 avec une soixantaine de participants d’Éthiopie et du Somaliland pour discuter de la nécessité urgente de renforcer la coopération bilatérale afin de mettre fin au commerce illégal de bébés guépards vivants.

En février 2021, IFAW et le CCF ont conjointement organisé et financé un atelier pour 20 vétérinaires (dont six femmes et huit participants d’Éthiopie) au Somaliland. L’accent a été mis sur le traitement d’urgence des bébés guépards et d’autres animaux sauvages confisqués, sur la compréhension des lois du Somaliland interdisant le braconnage et le commerce, et sur la promotion de la conservation de la faune sauvage à travers la sensibilisation et l’engagement des communautés locales. Nous avons ensuite organisé un autre atelier pour les vétérinaires d’Éthiopie.

Protéger les girafes en Zambie

Le nombre de girafes a chuté de près de 40% au cours des trois dernières décennies. IFAW et Save Giraffes Now (SGN) se sont associés pour soutenir les communautés locales et les forces de l’ordre en Zambie afin d’améliorer la protection de la Girafe de Thornicroft et d’autres espèces sauvages dans la région de Luambe-Lukusuzi.

Dans le cadre du Programme Community Game Scout dans la région Malawi- Zambie, quatre membres de la communauté ont été équipés et formés en tant que scouts communautaires grâce au financement de SGN et au soutien du Département des parcs nationaux et de la faune sauvage de Zambie (ZDNPW). Les scouts ont reçu une formation pour mener des patrouilles de lutte contre le braconnage dans la zone de gestion du gibier (GMA) afin de décourager les empiétements illégaux, l’exploitation forestière et le commerce de viande de brousse.

Entre octobre 2020 et juin 2021, plus de 130 arrestations ont été effectuées avec un taux de condamnation proche de 70%. Les infractions concernaient des produits de la faune sauvage provenant d’éléphants, de pangolins et de léopards. Au total, 225 kilogrammes d’ivoire ont été saisis ainsi que huit pangolins, dont quatre ont été retrouvés vivants et remis en liberté. Aucune disparition illégale de girafes n’a été enregistrée dans le paysage pendant cette période.

Faire la différence pour les jaguars

L’Opération Jaguar vise à lutter contre le braconnage et le trafic de jaguars en Bolivie, en Guyane, au Pérou et au Suriname. Le rôle principal d’IFAW est de renforcer les capacités en donnant aux forces de l’ordre les moyens d’agir grâce à des ateliers de formation des formateurs et à un accompagnement sur le terrain. IFAW travaille avec les procureurs et les juges pour assurer un suivi adéquat des affaires pénales.

Le projet est un effort commun mené par le Comité national néerlandais de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN NL), IFAW et Earth League International (ELI). Il est possible grâce à la Postcode Loterij (une loterie qui finance des organisations caritatives aux Pays-Bas).

En octobre 2020, dans le cadre du suivi de la formation de 2019 sur l’application de la loi au Guyana, nous avons organisé un atelier virtuel de sensibilisation de la magistrature en coordination avec la Commission de conservation et de gestion de la faune du Guyana (GWCMC). Au cours des deux jours durant lesquels s’est déroulé l’atelier, nous avons couvert un large éventail de compétences essentielles comme les stratégies d’enquête et la collecte de preuves, les interrogatoires et le travail avec les témoins, l’utilisation des lois sur les espèces non sauvages en vue de poursuivre les contrevenants, et l’importance de préserver l’éthiqu

IFAW a également pu réaliser un atelier judiciaire virtuel de deux jours au bénéfice de 19 participants de différentes agences du Suriname en mai 2021. Nous avons élargi notre action au Suriname avec un projet pilote sur le travail avec les chiens de détection d’animaux sauvages. Avec l’aide de Scent Imprint Conservation Dogs, deux chiens, Bruce et Boris, ont été entraînés spécifiquement pour détecter les parties de jaguar. Ils sont déployés dans les ports et aéroports du Suriname, où ils démontreront l’efficacité des chiens dans la recherche des odeurs de jaguar dans les colis, les bagages et les véhicules.

En collaboration avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), nous avons organisé un atelier virtuel de quatre jours pour 39 stagiaires de diverses agences gouvernementales au Pérou afin de renforcer les capacités technico-réglementaires des autorités administratives dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages. Nous avons également organisé un atelier judiciaire virtuel pour renforcer les capacités de 20 opérateurs de justice sur le processus pénal en matière de commerce illégal d’espèces sauvages.

Empêcher le trafic d’espèces sauvages au Kenya, en Ouganda et en République démocratique du Congo

Le Bureau des affaires internationales relatives aux stupéfiants et à l’application de la loi (INL) du Département d’État américain travaille avec IFAW et des partenaires locaux pour prévenir le trafic d’espèces sauvages au Kenya, en Ouganda et en République démocratique du Congo (RDC). En août 2020, l ’INL a commencé à financer deux programmes importants : « Lutter contre le trafic d’espèces sauvages au Kenya » et « Renforcement des capacités pour stopper le braconnage et le trafic d’animaux sauvages protégés entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo ».

Ces projets visent à réduire le braconnage et le trafic d’animaux sauvages et de leurs produits en renforçant la collaboration transfrontalière, en développant les capacités opérationnelles, d’enquête et de poursuite des organismes chargés de l’application de la loi et du système judiciaire, et en faisant participer les membres de la communauté à la collecte d’informations dans les zones protégées

En Ouganda et en RDC, IFAW travaille en association avec le Comité national néerlandais de l’UICN (UICN NL). Au cours de l’exercice passé, nous avons formé 30 agents des forces de l’ordre travaillant des deux côtés de la frontière. Nous soutenons une équipe de cinq agents de renseignements et d’analystes des crimes contre la faune sauvage qui peuvent examiner les données et collaborer avec les organismes gouvernementaux.

Les membres de la communauté jouent également un rôle essentiel dans la protection de la faune locale. Nous avons ainsi recruté 12 observateurs communautaires afin de nous aider à collecter des informations. Entre janvier et juin 2021, les éléments fournies par ces informateurs ont permis l’arrestation de huit braconniers et le retrait de huit collets et pièges, susceptibles de capturer par inadvertance des lions et blesser des éléphants. Environ 100 kilogrammes de viande de buffle ont également été confisqués.

Au Kenya, IFAW s’est associé avec African Wildlife Foundation (AWF) et Kenya Wildlife Service (KWS). Entre août 2020 et juin 2021, IFAW a fait don d’équipements pour une valeur de 17 941 $ à KWS. Cela comprend six motos, cinq imprimantes, cinq ordinateurs de bureau et cinq appareils permettant une alimentation électrique sans interruption. Les équipements ont été achetés avec l’aide d’INL. Ils soutiendront les opérations de KWS en matière de collecte et de traitement des données afin d’obtenir des renseignements exploitables pour les opérations de répression. Au cours de la même période, IFAW a fourni des rations à 77 écogardes communautaires du Ranch collectif Olgulului-Ololarashi et à 17 écogardes communautaires de la zone de conservation communautaire d’Ilkimpa.

Grâce également au financement d’INL, IFAW a rendu possible la 29e réunion sur la sécurité transfrontalière de la faune sauvage entre le Kenya et la Tanzanie afin d’améliorer la collaboration sur la sécurisation des habitats et des écosystèmes de la faune sauvage qui sont partagés à la fois par le Kenya et la Tanzanie.

Chiens de détection au Bénin

Grâce à son expertise en matière de protection de la vie sauvage et de bien-être animal, IFAW est particulièrement bien placé pour mettre en œuvre un nouveau modèle de formation et de déploiement de chiens de détection dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Depuis 2018, IFAW travaille au Bénin pour moderniser la brigade canine existante de la police de Cotonou. Un expert français spécialisé en cynotechnie travaille sur place pour mettre au point cette nouvelle méthode de formation. Il a formé des unités de maîtres-chiens composées d'agents des services de police et des services forestiers.

Actuellement, l’équipe est composée de quatre maîtres-chiens de la police républicaine et de quatre chiens. Répartis en binômes, ils sont formés aux techniques de détection de produits issus de la faune sauvage. Un cinquième officier béninois, également formé avec son chien, deviendra le formateur local de l’unité.

La formation à l’aéroport de Cotonou a commencé en septembre 2020 avec trois équipes. Au cours de plus de 250 entraînements, les chiens ont fouillé 28 094 sacs, valises et colis dont certains contenaient de l'ivoire et des produits à base de pangolin. Avec un taux de réussite de plus de 95%, l'efficacité de ce projet ne fait aucun doute.

Fin 2020, nous avons conclu un partenariat avec Enabel, l'Agence belge de développement. Grâce à son soutien financier, nous allons former quatre nouveaux agents du ministère des Eaux et Forêts au Bénin et les associer avec des chiens de détection. Ce partenariat va également permettre la mise en œuvre future de RASCargO, un système de contrôle de pointe qui collecte l’air des conteneurs pour capturer les odeurs sur des filtres qui sont ensuite analysés par nos chiens de détection.

En mars 2021, l’ambassadeur de France au Bénin, Marc Vizy, a visité la brigade canine de la police républicaine à Cotonou. Ce dernier a pu constater la qualité des installations et du projet, assister à l’entraînement des chiens et remarquer de visu leur efficacité. Il a également confirmé son soutien à l’équipe et sa volonté de promouvoir le rôle de la brigade canine.

En juin 2021, l’équipe a reçu de nouveaux équipements techniques comprenant des laisses, des colliers, des manteaux de travail, des chaussures et des sacs à dos. Elle a également reçu des produits prophylactiques et d’autres matériels fournis par la société pharmaceutique vétérinaire multinationale française, Ceva Santé Animale (CEVA), afin de pouvoir continuer à prodiguer des soins de qualité aux chiens.

Combattre la criminalité liée aux espèces sauvages au Malawi et en Zambie

Le projet de préservation des habitats Malawi-Zambie d'IFAW, soutenu par USAID, se concentre sur le parc national de Luambe et le parc national de Lukusuzi en Zambie ainsi que sur le parc national de Kasungu du Malawi. Au cours de l’exercice 2021, les activités d’application de la loi ont continué à porter sur le développement des capacités des départements des Parcs nationaux et de la Faune sauvage du Malawi et de Zambie afin de créer une capacité d’enquête institutionnelle spécialisée dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.

Les écogardes ont reçu une formation régulière et ont effectué 300 patrouilles de longue durée et 130 patrouilles courtes, ce qui a permis l’arrestation de 259 suspects et la saisie de 759,9 kilogrammes d’ivoire.

Dans le cadre de notre engagement auprès des communautés, nous avons organisé 15 réunions communautaires afin de les sensibiliser à diverses questions telles que les conflits entre les humains et la faune sauvage, l’empiétement, la rédaction de règlements et la construction de clôtures. Un revenu de 137 760 $ a été généré par les communautés employées dans le cadre de projets de couture et de construction et par le travail dans un atelier mécanique.

le commerce d’espèces sauvages n’est qu’à un clic

Alors que la pandémie mondiale a affecté de nombreux aspects de notre travail, nous avons pu poursuivre la lutte contre le trafic d’espèces sauvages sur internet en collaboration avec des entreprises de vente en ligne et des forces de l’ordre. Par exemple, grâce à notre surveillance permanente aux États-Unis et en Europe, 1808 annonces illégales concernant des espèces sauvages ont été bloquées ou supprimées par des entreprises après avoir été identifiées par IFAW. Nous avons également mené des recherches en ligne au Royaume-Uni afin d’évaluer le marché de l’ivoire, et avons, en 12 jours seulement, repéré près de 1 000 articles en ivoire.

Tout au long de l’exercice 2021, IFAW Chine a poursuivi ses inspections régulières des sites internet et des réseaux sociaux chinois afin de surveiller les activités de commerce illégal d’espèces sauvages et de recueillir des renseignements, en particulier sur les réseaux sociaux les plus populaires. Cela nous permet d’aider à développer des filtres par mots-clés, de former le personnel des entreprises en ligne et de fournir des informations aux forces de l’ordre. Au total, 1 727 annonces illégales impliquant plus de 10 espèces ont été détectées et traitées par les plateformes ou sites de vente concernés.

IFAW a collaboré avec Baidu, le plus grand moteur de recherche chinois, afin de sensibiliser ses utilisateurs à la conservation de la faune sauvage et aux lois et réglementations en la matière. Nous avons fourni 139 mots-clés à Baidu, qui a ensuite optimisé ses résultats de recherche et activé des bannières pop-up pour les espèces sauvages couramment commercialisées. Avec Sogou, un autre moteur de recherche, nous avons lancé une campagne conjointe où la première image que les gens voyaient en ouvrant l’application était celle d’un animal menacé. La campagne a fait plus de 25 millions de vues et a guidé plus de deux millions d’utilisateurs de l’application vers des pages d’encyclopédie consacrées à des animaux tels que les jaguars, les baleines de Minke et les phoques du Groenland.

Depuis avril 2020, IFAW et le géant de la technologie, Baidu, ont utilisé un outil d’intelligence artificielle (IA), le Gardien IA des espèces menacées pour identifier les images de produits issus d’espèces sauvages menacées commercialisés en ligne. L’outil d’apprentissage remonte ensuite jusqu’au lien source des images et renvoie aux plateformes de réseau des informations pertinentes pour qu’elles soient supprimées. À la fin du mois de juin 2021, le Gardien IA avait détecté 7 548 images illégales liées au commerce des espèces sauvages à partir de plus de 300 000 images brutes, établissant un lien avec 1 085 annonces de commerce en ligne et contribuant à l’efficacité de nos efforts pour faire des plateformes de commerce électronique une zone inaccessible aux trafiquants.

Du 6 au 8 novembre 2020 a eu lieu le Zoohackathon 2020, le Hackathon virtuel régional européen. Il a été organisé par la Free Spirit Foundation, l’ambassade des États-Unis en France et le Département d’État américain. Pendant 48 heures, les participants de toute l’Europe ont travaillé sur des énoncés de problèmes et ont développé des solutions technologiques pour aider à lutter contre le trafic d’espèces sauvages via une plateforme centrale en ligne spécifique. L’équipe d’IFAW a prononcé un discours sur la cybercriminalité liée aux espèces sauvages et a participé en tant que tuteur, offrant des conseils, des astuces et des recommandations tout au long de la compétition.

Le Forum de Paris sur la paix, une initiative qui propose des solutions de gouvernance pour résoudre les problèmes mondiaux, a eu lieu peu après. IFAW, en collaboration avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), a participé virtuellement à cette conférence pour présenter le travail de la Coalition pour mettre fin au trafic d’espèces sauvages en ligne.

Mettre fin au trafic en ligne d’espèces sauvages protégées

Dans le cadre de la Coalition pour mettre fin au trafic d’espèces sauvages en ligne, IFAW travaille avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), le Réseau de surveillance du commerce de la faune sauvage (TRAFFIC) et plus de 35 entreprises technologiques mondiales en ligne pour aider à mettre fin au trafic d’espèces sauvages protégées via leurs plateformes. Entre juillet 2020 et juin 2021, environ cinq millions d’annonces et de messages ont été supprimés ou bloqués par les membres de la Coalition en Afrique, Asie, Europe et Amérique du Nord et du Sud.

La Coalition s’est élargie avec de nouveaux partenaires au cours de l’exercice 2021, notamment TikTok (700 millions d’utilisateurs), Douyin (600 millions d’utilisateurs), 37 Interactive Entertainment, 7788.com et Zhangyan. En juillet 2021, le site français de petites annonces Marche.fr et le site allemand de vente en ligne Quoka se sont joints à eux en adoptant une série de mesures concrètes visant à garantir que leurs plateformes ne comporteront plus de produits illégaux issus d’espèces sauvages.

En Novembre, Facebook a lancé un système d’alerte interstitiel pour informer les utilisateurs de la mise à jour de ses politiques en matière d’espèces sauvages interdites et pour décourager le commerce illégal sur la plateforme. L’alerte s’affiche en haut du fil d’actualité d’un utilisateur qui recherche l’un des 93 termes associés au trafic d’espèces sauvages combiné à l’un des 15 termes commerciaux.

IFAW travaille avec Douyin pour développer un outil qui utilise des méthodes d’apprentissage automatique et de big data pour identifier les produits de la faune et les animaux vivants dans de courtes vidéos.

Grâce à l’étroite collaboration avec IFAW, DeineTierwelt, la principale plateforme communautaire allemande consacrée aux animaux de compagnie, avec quatre millions de visites par mois, a annoncé, le 8 juin 2021, l’interdiction de presque tous les animaux sauvages et exotiques.

En octobre 2020, IFAW, WWF et TRAFFIC ont organisé un événement hybride virtuel / présentiel à Pékin avec près de 100 participants issus de 33 entreprises, dont Alibaba, Google, Baidu, eBay et Tencent. Au cours de l’événement, les entreprises ont partagé leurs expériences, discuté de l’alignement sur les nouvelles tendances et politiques concernant la cybercriminalité liée aux espèces sauvages et reçu une formation de la part d’IFAW, de TRAFFIC et de représentants des gouvernements et des forces de l’ordre.

Un autre volet important des activités de la Coalition consiste à assurer la formation du personnel des entreprises à la détection de la cybercriminalité liée aux espèces sauvages. En Chine, nous avons organisé 25 formations en présentiel et une formation en ligne sur mesure pour 1 562 personnes. Par ailleurs, le programme de formation en ligne de la Coalition, OWLET, a été suivi plus de 200 fois.

En encourageant les plateformes en ligne à agir et à renforcer leurs politiques et leurs systèmes de filtrage, nous créons des mesures durables qui contribuent à perturber les réseaux criminels et la cybercriminalité liée aux espèces sauvages.

Cybercriminalité liée aux espèces sauvages dans l’UE

En février 2019, IFAW a uni ses forces avec INTERPOL, les douanes belges et WWF, avec un soutien de TRAFFIC, pour combattre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages dans le cadre d’une initiative financée par l’UE Cette initiative vise à perturber et à dissuader les criminels et leurs réseaux qui se livrent à des activités de trafic dans, ou via, l’UE en utilisant internet et les services de livraison de colis.

En juillet 2020, un rapport intitulé « Stopper la cybercriminalité liée aux espèces sauvages dans l’UE : Commerce en ligne de reptiles et d’oiseaux en Belgique et aux Pays-Bas » a été publié. Le rapport a été rédigé par WWF et TRAFFIC, avec le soutien d’IFAW et de Monitor Society, et permet de mieux comprendre comment les criminels de la faune exploitent internet dans l’UE.

INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD) ont coordonné l’Opération Tonnerre 2020, à laquelle 103 pays ont participé, dont 20 États membres de l’UE. Selon les données d’INTERPOL data, 145 cyberenquêtes ont été réalisées, conduisant à ce jour à 58 sanctions pénales, 1 194 unités d’espèces sauvages illégales saisies, 40 suspects identifiés et 18 poursuites judiciaires. Pour la première fois, et grâce à ce projet financé par l’UE pour lutter contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages, l’opération comprenait un volet sur la cybercriminalité.

IFAW a convaincu neuf des treize plateformes en ligne contactées dans le cadre du projet de s’engager davantage dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages en ligne. Nombre d’entre elles ont convenu de nouvelles actions, notamment l’interdiction de certaines espèces sur leur plateforme, l’amélioration des filtres pour détecter/ bloquer les produits et la sensibilisation des utilisateurs.

En mai 2021, IFAW, en collaboration avec WWF et TRAFFIC, et avec le soutien des douanes belges et d’INTERPOL, a organisé un atelier multipartite en ligne avec plus de 140 représentants des secteurs public et privé. En juin, IFAW a partagé un rapport confidentiel avec les participants à l’atelier, identifiant les modèles de bonnes pratiques actuellement utilisés par les forces de l’ordre et les plateformes en ligne pour coopérer dans la détection et la perturbation de la cybercriminalité liée aux espèces sauvages. Le rapport présente également des recommandations afin que ces processus puissent être déployés plus largement dans l’UE, et évoque les moyens par lesquels les ONG et les universitaires peuvent soutenir ces efforts.

Le projet s’est terminé en juin 2021 et nous avons atteint nos objectifs : perturber les criminels de la faune sauvage et accroître l’attention et les opérations des forces de l’ordre de l’UE sur le trafic de la faune sauvage en ligne et par colis. En faisant connaître leur travail, les partenaires du consortium ont pu toucher au moins 3,7 millions de personnes en Europe, ce qui a permis de sensibiliser davantage à la cybercriminalité liée aux espèces sauvage.

réduire l’offre sur le marché et la demande des consommateurs

IFAW travaille sans relâche pour combattre la criminalité mondiale liée aux espèces sauvages à chaque maillon de la chaîne du commerce illégal : de la source à la destination en passant par le transport. En Chine, nous utilisons une approche globale afin de réduire la demande des marchés et des consommateurs en matière de parties et de produits issus d’animaux sauvages. Nous collaborons avec des partenaires publics et privés, et nous développons et mettons en œuvre des activités de réduction de la demande en utilisant la communication pour un changement social et comportemental (SBCC).

Malgré les restrictions liées au COVID-19, IFAW a pu développer et mettre en œuvre plusieurs campagnes de marketing en Chine au cours de l’exercice 2021. Nous nous sommes mis en relation avec des musées, des zoos, des transports publics, des aéroports et des cinémas pour trouver des moyens créatifs de transmettre nos messages à un large public. Les entreprises du secteur des médias ont aussi régulièrement fourni des espaces de promotion pour les campagnes d’IFAW, culturellement sensibles et socialement motivantes, visant à créer une norme sociale stigmatisant la consommation d’espèces sauvages.

Afin de réduire la demande de produits issus des espèces sauvages et de sensibiliser le public à la conservation, les messages d’intérêt public (PSA) d’IFAW, « Protégeons notre maison commune », promus conjointement avec la China Wildlife Conservation Association (CWCA), ont été diffusés dans les aéroports, les transports en commun, les journaux et les magazines. À l’occasion de la Journée de la Terre, en avril 2021, le PSA « Protégeons notre maison commune », qui vise à protéger les pangolins, les tigres, les éléphants, les rhinocéros et les rapaces, est devenu une campagne en ligne d’IFAW et du Bureau de lutte contre la contrebande des douanes chinoises. La campagne a battu tous les records en étant partagée sur les réseaux sociaux par plus de 100 agences gouvernementales chinoises.

Au total, les campagnes d’IFAW en Chine au cours de l’exercice 2021 ont touché plus d’un milliard de personnes et ont permis d’obtenir plus de 23 millions de dollars de dons en nature de la part des médias, avec plus de 550 articles de presse publiés sur la criminalité liée aux espèces sauvages.

IFAW a également coopéré avec Animal Dialogue, un groupe de réflexion chinois sur la recherche et la sensibilisation qui vise à promouvoir les discussions sur les relations entre l’humain, l’animal et l’environnement. Ensemble, nous avons organisé une conférence en ligne pour plus de 50 étudiants de Chine et de l’étranger au sujet de l’approche « Une seule santé » pour freiner le commerce des espèces sauvages.

soutenir les réformes politiques et législatives pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages

Nous demandons instamment aux gouvernements du monde entier de développer une législation claire qui réglemente ou interdit le commerce des espèces sauvages, en raison des risques de zoonoses pour l’homme, des préoccupations liées au bien-être animal, de la valeur écologique de la vie sauvage et de la propagation des espèces exotiques envahissantes.

En octobre 2020, les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) ont adopté, à la quasi- unanimité une résolution visant à lutter contre la vente en ligne de produits illégaux issus d’espèces sauvages. IFAW a joué un rôle déterminant dans la rédaction de cette nouvelle résolution, qui encourage une collaboration efficace entre les différents secteurs et exhorte les gouvernements à adopter et à appliquer une législation efficace contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages.

Afin de présenter notre travail intersectoriel et de renforcer l’ambition des communautés internationales en matière de protection de la nature, nous avons participé activement à des événements clés tels que Wildlife Crime Is Financial Crime, organisé par l’International Compliance Association, et le One Planet Summit pour la biodiversité.

En Chine, nous avons continué à plaider en faveur de politiques et de lois plus strictes en matière d’espèces sauvages, estimant que des lois claires et strictes pouvaient combler les vides juridiques en matière de trafic d’espèces sauvages et améliorer l’efficacité de l’application de la loi.

Quand le Comité législatif de l’Assemblée nationale populaire a sollicité l’avis du public sur la révision du droit pénal, IFAW a suggéré des amendements visant à élargir la liste des espèces sauvages protégées par la loi, à renforcer la gestion de l’élevage commercial d’animaux sauvages et à améliorer le système national de sauvetage des animaux sauvages.

Au cours des quatre dernières années, IFAW a travaillé avec la Commission européenne pour réviser la Directive sur la criminalité environnementale, en participant aux réunions et consultations des acteurs concernés, et en soumettant des lettres conjointes avec d’autres ONG afin de s’assurer que les révisions suggérées pour la Directive soient prises en compte. Nous avons appelé les États membres de l’UE à appliquer des sanctions réellement dissuasives et harmonisées contre la criminalité liée aux espèces sauvages et à utiliser des outils d’investigation efficaces pour faciliter et promouvoir la coopération transfrontalière et le partage d’informations. La Commission devrait adopter la Directive révisée en 2022.

En avril 2021, la Commission européenne a adopté sa nouvelle Stratégie pour lutter contre le crime organisé, qui vient compléter l’Évaluation de la menace que représente la grande criminalité organisée (SOCTA) d’Europol. Grâce au plaidoyer d’IFAW, la Strategié et la SOCTA reconnaissent l’interdépendance et les conséquences dévastatrices du crime organisé et de la criminalité liée aux espèces sauvages. La stratégie de la Commission s’engage à réexaminer le Plan d’action de l’UE contre le trafic d’espèces sauvages ainsi qu’à réviser la Directive sur la criminalité environnementale.

Nous avons également travaillé avec les principales parties prenantes et les institutions de l’UE pour rendre ce travail opérationnel en veillant à ce que la Plateforme pluridisciplinaire européenne contre les menaces criminelles (EMPACT), qui permet une action collective dans les États membres de l’UE, incluse la criminalité liée aux espèces sauvages en tant que crime environnemental prioritaire. Cela signifie que davantage de ressources seront allouées pour créer ou renforcer les unités spécialisées, mener des opérations, développer de nouveaux outils et améliorer la collecte de données sur les crimes environnementaux.

En mai 2021, IFAW a pris la parole devant le Congrès américain lors d’une audience intitulée « Le trafic d’espèces sauvages et les marchés en ligne en pleine expansion ». Bien qu’aucune législation spécifique ne soit actuellement à l’étude, la volonté de s’informer sur le sujet suggère qu’il existe une volonté politique de régler ce problème.

Pour mettre fin au commerce illégal d’espèces sauvages, il faut un engagement important et durable des gouvernements, des plateformes en ligne et des forces de l’ordre du monde entier. Nous poursuivrons nos efforts pour encourager la collaboration entre les principales parties prenantes au-delà des frontières et des secteurs, en partageant notre expertise et en travaillant pour obtenir un impact réel et durable pour les animaux et les communautés.