Vente illégale d’ivoire stoppée de justesse à Limoges
Vente illégale d’ivoire stoppée de justesse à Limoges

Ce mardi 18 mars 2025, une vente illégale d’ivoire a été déjouée grâce au travail collaboratif entre IFAW et les forces de l’ordre.
Dans cette vente dédiée aux armes du monde et objets ethniques, une quarantaine de lots composés d’objets issus d’espèces sauvages, dont certaines protégées, était présentée au public. Parmi ces lots, une quinzaine d’objets comportant de l’ivoire devait être proposée à la vente sans expertise ni certificat, éléments pourtant obligatoires, contrevenant aux législations française et européenne. Un contrôle des forces de l’ordre a eu lieu mardi matin, avant le début de la vente.
Depuis l’entrée en vigueur du règlement (EU) 2021/2280 du 16/12/2021, le commerce d’ivoire d’éléphant est interdit sauf pour des exceptions très restreintes qui impliquent les objets travaillés antérieurs à 1947, reconnus comme antiquités. Pour être vendu, un objet doit être titulaire d’un certificat intracommunautaire (CIC) prouvant son statut d’antiquité pré-47.
Or, dans le cadre de cette vente, organisée par un officier ministériel reconnu, aucun certificat n’était validé !
Par ailleurs, certains objets étaient mentionnés comme « os » et non « ivoire », ce qui démontre une véritable intention de blanchir des produits illicites. D’autres artefacts mis à la vente étaient composés de diverses parties d'animaux (singes, calao, tigre, muntjac, ours...) dont le commerce est également illégal sans preuve d’origine.
« Il s’agit d’un exemple concret qui montre les tentatives de contourner la législation en vigueur, mais personne n’est au-dessus des lois et ces actes doivent être punis. On estime que des milliers d’éléphants d’Afrique sont encore braconnés chaque année pour leur ivoire. Malgré des restrictions accrues dans le monde entier, y compris au sein de l’UE, le commerce de l’ivoire reste complexe et les nombreuses failles juridiques alimentent une demande continue. La réglementation adoptée à la fin de l’année 2021 envoyait un message fort en indiquant que l’UE prenait enfin ses responsabilités dans la mort annuelle de milliers d’éléphants en raison du commerce d’ivoire. Veiller à sa bonne application est notre devoir. » déclare Mia Crnojevic-Cherrier, chargée de campagnes chez IFAW.
Cette vente aux enchères, orchestrée par un commissaire-priseur à la vue de tous prouve que ce professionnel a la ferme attention de continuer de commercialiser de l’ivoire au mépris de la législation en vigueur. Malheureusement loin d’être un cas isolé, cette vente reflète la volonté de certains acteurs du secteur peu scrupuleux d’outrepasser la loi de façon délibérée pour l’appât du gain.
Organisée au grand jour, elle démontre le besoin crucial de renforcer les contrôles de la part des forces de l’ordre afin de dissuader les acteurs du secteur. Alertés par IFAW, les forces de l’ordre ont déligenté un contrôle qui est en cours. Ce contrôle incrimine à la fois les vendeurs et les acheteurs et jette l’opprobre sur toute une profession.
Depuis plusieurs années, en contribuant à la régulation du commerce d’espèces protégées, les acteurs du marché de l’art qui respectent les législations française et internationale sont des acteurs clés de la lutte contre la disparition de la faune et de la flore. Malheureusement, ceux qui ne les suivent pas font courir un risque à leurs clients, tant vendeurs qu’acheteurs. Ces derniers pouvant être poursuivis en justice pour vente ou achat illicite. Il est impératif de rappeler aux particuliers qu’ils doivent, pour leur propre tranquillité, s’assurer que le professionnel auquel ils s’adressent connaît et respecte la procédure réglementaire.
Ce type de vente alimente l’attrait des particuliers pour les objets en ivoire au détriment des population d’éléphants sauvages. Le commerce de l’ivoire place directement une épée de Damoclès au-dessus de cette espèce qui est aujourd’hui en danger d’extinction selon la liste rouge de l’UICN.
Engagée depuis toujours contre le trafic de l’ivoire, l’ONG IFAW s’élève contre ces ventes et travaille quotidiennement à l’application des règles européennes.
Aujourd’hui, elle demande fermement à aller plus loin pour encadrer les ventes en :
- Imposant la mention claire du CIC dont l’objet est titulaire, ainsi que sa date d’émission,
- Apposant la mention en toutes lettres de l’expert indépendant missionné pour réaliser l’expertise, ce qui aura pour effet d’établir clairement les rôles et responsabilités de chacun,
- Effectuant un rappel de la législation en vigueur sur le caractère spécifique de la matière ivoire,
- Obligeant les plateformes numériques de vente à refuser la parution d’annonces ne mentionnant pas le numéro de CIC, le nom de l’expert, la DREAL correspondant et la date de délivrance du CIC,
- Demandant la création d’une liste officielle au niveau national ou même européen, d’experts approuvés officiellement, et non marchand (expert judiciaire, assesseur près les douanes, universitaire ou conservateur reconnu dans le domaine) permettrait d’établir un statut clair de l’expert et de contrôler sa qualité et ses compétences.
Contacts presse IFAW France
Camille Vicet, IFAW France, cvicet@ifaw.org
Margaux Paineau, Service de presse, margaux.paineau@les-influenceurs.com
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