Azzedine Downes
Je ne me suis jamais contenté de juste défendre la bonne cause. Nous devons réellement faire avancer les choses.
la saison des synergies : à la recherche de solutions pour le climat et la biodiversité
Le voyage de Charm el-Cheikh à Montréal en passant par Panama City implique de parcourir pratiquement la moitié du globe. Beau périple. Mais pourquoi ces trois grandes villes ? Toutes clôturent l’année 2022 en organisant des événements qui peuvent, à première vue, sembler assez différents.
À Charm el-Cheikh, en Égypte, des chefs d’État et autres délégués ont passé de longues heures à négocier de la sécurité alimentaire, des politiques énergétiques et des financements innovants, sous les auspices de la COP27 à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. À Panama City, capitale du pays éponyme, IFAW et d’autres parties prenantes ont débattu du devenir des stocks d'ivoire et des espèces nécessitant les plus fortes protections juridiques face au commerce d’animaux et de plantes sauvages, à l’occasion de la COP19 de la CITES (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction). Enfin, dans le cadre de la COP15 à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité qui se tient en ce moment à Montréal, au Canada, IFAW et d’autres parties prenantes sont réunis pour convenir d'un cadre complet – assorti d’objectifs et de ressources financières – au service d’une gestion durable et écologiquement viable des ressources naturelles.
Bien qu’elles visent des objectifs en apparence fort différents, ces trois conférences internationales poursuivent toutes le même but : s’assurer que la vie sur Terre, telle que nous la connaissons actuellement (avec l'existence des animaux, des humains et des plantes), puisse perdurer pour les générations futures.
De ces trois conférences, la COP27 de Charm el-Cheikh est celle qui a connu le plus grand retentissement auprès du public et des médias. Bien réelle, l’urgence climatique mérite certes toute notre attention, à l’heure où des phénomènes autrefois saisonniers, tels que les feux incontrôlés, les ouragans, les sécheresses et les inondations, semblent désormais frapper à tout moment. Trouver des solutions pour stabiliser l’évolution climatique de la Terre et s’y adapter est aujourd’hui une question de vie ou de mort pour de nombreuses communautés.
Mais si le climat est au cœur des débats, ne court-on pas le risque de reléguer le sort des espèces sauvages et des écosystèmes naturels au second plan ?
Car en réalité, tout est lié. Climat et biodiversité ne sont pas dissociables. En répondant aux problématiques qui touchent les espèces sauvages, on répond également aux problématiques liées au changement climatique, ce qui est essentiel à l’avenir de l’humanité.
En matière de lutte contre les changements climatiques, une solution trop rarement exploitée est celle consistant à préserver et à protéger la biodiversité, ce riche et profus héritage que représentent toutes les espèces de plantes et d’animaux sauvages vivant sur Terre.
Nous savons que chaque forme de vie, par son existence même, contribue à façonner le climat. Des minuscules microbes aux mastodontes de plusieurs tonnes, chaque organisme vivant est le siège de processus biochimiques qui jouent un rôle dans le stockage du carbone et la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Tous ensemble, les écosystèmes riches en biodiversité absorbent chaque année des milliards de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère terrestre. Les populations d’éléphants qui se déplacent librement au sein de leur habitat, par exemple, assurent naturellement une fonction de débroussaillage indispensable à la santé des forêts, qui peuvent alors absorber de plus gros volumes de gaz à effet de serre. Même les plus minuscules espèces pollinisatrices ont un impact énorme sur la santé et la vitalité des écosystèmes au sein desquels elles évoluent.
Lorsque des forêts sont détruites, les habitats naturels de multiples espèces de faune et de flore le sont également.
Historiquement, l’exploitation non durable des forêts remonte à la révolution industrielle et à l’émergence d’une demande effrénée en matières premières. La destruction et la dégradation des forêts demeurent massivement incontrôlées à ce jour, puisqu’elles sont responsables d’environ 11 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. La déforestation a donc un impact climatique massif (surpassé uniquement par celui du secteur de l'énergie). Or, des forêts en bonne santé recèlent un potentiel immense en matière d’atténuation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, puisqu’elles pourraient absorber jusque 6,5 gigatonnes de CO2 d’ici à 2030.
Les Nations Unies ont mis en place un partenariat et une banque de connaissances techniques de grande envergure, alignés sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, afin d’améliorer la santé des forêts dans une optique de gestion du climat. Un programme volontaire parallèle a également été mis en place : baptisé REDD+ (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement), celui-ci propose des incitations financières aux pays participants qui parviennent à atténuer durablement les changements climatiques.
Dans le cadre du programme REDD+, chaque pays en développement est appelé à élaborer un plan d’action pluridimensionnel visant à s’attaquer aux différents facteurs qui influent sur le sort des forêts au niveau national. Parmi ces facteurs peuvent figurer, entre autres, les régimes fonciers, la gouvernance, les communautés autochtones et locales, ainsi que les considérations liées à l’équité. S’il justifie d'accomplissements mesurables et concrets au titre de ce plan d’action, un pays peut alors prétendre à des subventions fondées sur les résultats.
Des initiatives telles que REDD+ ouvrent des perspectives extrêmement avantageuses, puisqu’elles reconnaissent que les solutions axées sur la biodiversité et celles axées sur le climat sont non seulement conciliables, mais aussi synergiques. Des forêts durables et en bonne santé sont essentielles à la vitalité et à l'équilibre des écosystèmes et de la biodiversité qu’ils abritent, ce qui contribue au bien-être humain.
Les stratégies climatiques respectueuses de la biodiversité, telles que celles promues par l’initiative REDD+, favorisent des résultats positifs et durables. Grâce au soutien technique et financier proposé, les pays participants peuvent en effet adopter des mesures essentielles en faveur de la restauration et de la protection de ressources naturelles d'importance nationale ou internationale.
La dense saison de conférences de cette fin d’année 2022 met en lumière les nombreuses possibilités qui s’offrent à nous de coopérer en vue d’obtenir les meilleurs résultats possibles.
En luttant contre l’effondrement écologique et en restaurant les habitats naturels sur lesquels repose la biodiversité, nous pouvons bâtir un avenir résilient au climat. En adoptant des solutions climatiques durables et synergiques, nous pouvons créer une dynamique gagnant-gagnant à l’échelle de tout le système. Ensemble, nous pouvons ainsi veiller à ce que la planète Terre demeure hospitalière pour les animaux et les hommes.
Azzedine Downes
Je ne me suis jamais contenté de juste défendre la bonne cause. Nous devons réellement faire avancer les choses.
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