Réduire le bruit dans les océans — Monde
pour sauver la vie marine, il suffit simplement de baisser le son.un béluga et une orque désorientés dans la Seine, que retenir de ces tragédies ?
un béluga et une orque désorientés dans la Seine, que retenir de ces tragédies ?
Il est 11h mercredi dernier lorsqu’une notification sur mon téléphone m’apprend que le béluga égaré dans la Seine plusieurs jours auparavant aura connu le même destin tragique que l’orque repérée fin mai dans le fleuve.
Les opérations de secours mises en place n’auront malheureusement pas suffi pour sauver ce béluga, voué à une mort certaine loin de son milieu naturel.
Après la tristesse vient très vite le temps de l’interrogation.
Quelles sont les raisons de la présence de l'orque ou du belouga dans la Seine ?
Les bélugas se trouvent dans les eaux glacées de l'Arctique, tandis que les populations d’orques se trouvent dans l’océan, aux quatre coins du monde mais jamais dans les fleuves.
Comment se fait-il qu’ils se soient donc retrouvés si loin de leur habitat de prédilection ? Les deux animaux étaient-ils malades avant d'arriver dans la Seine et auraient-ils voulu s’isoler ?
Autre hypothèse : leur présence respective serait-elle liée à un traumatisme extérieur ? Le son étant le repère sensoriel le plus important pour de nombreux mammifères marins, se pourrait-il que le béluga et l’orque aient été perturbés par des niveaux de bruits élevés avant de se retrouver dans la Seine ?
Même s'il est difficile de répondre à ces interrogations, nous savons qu'un grand nombre d'animaux marins pâtissent de la pollution sonore sous-marine d’origine humaine.
L'impact de la pollution sonore sous-marine
Le bruit sous-marin provoqué par l’activité humaine stresse les animaux marins et les chasse de leurs habitats vitaux. Cela réduit leur capacité à percevoir le monde qui les entoure, à trouver des proies et à éviter les prédateurs. Des niveaux de bruits élevés peuvent causer des blessures voire la mort, en particulier chez les baleines et les dauphins très sensibles sur le plan acoustique.
L’utilisation de sonars militaires, la prospection gazière et pétrolière, les travaux de construction en mer et la navigation commerciale sont des activités qui génèrent toute une série de sons artificiels à des intensités variables susceptibles de couvrir les sons naturels de l’océan.
Par ailleurs ce type de pollution, longtemps méconnu du grand public, va en s’intensifiant : d’après une étude publiée dans la revue scientifique Science¹, le bruit basse fréquence généré par le trafic maritime a ainsi été multiplié par 32 au cours des 50 dernières années.
Pas étonnant lorsque nous savons que, chaque jour, ce sont 60 000 navires qui sillonnent les mers et océans ! Vous vous imaginez, c’est un peu comme vivre en permanence dans une discothèque… Le « monde du silence » si cher au commandant Cousteau est désormais bien loin.
Néanmoins, il existe une bonne nouvelle : la pollution sonore dans l’océan s’avère être un polluant non-persistant, contrairement à la pollution chimique ou plastique. Il suffit donc de stopper ou de réduire les sources d’émissions de bruits pour mettre un terme à ces nuisances. Selon une récente étude scientifique ² il suffirait de réduire la vitesse des navires de 10% à l’échelle globale pour obtenir une réduction de 40% des bruits sous-marin qu’ils génèrent !
La réduction des vitesses de navigation pour réduire la pollution sonore sous-marine
Dans le cadre de notre campagne « Des Vitesses Bleues pour la navigation maritime » (Blue Speeds for Shipping) nous avons identifié une solution concrète et effective pour rendre l’océan plus sûr pour les espèces marines : la réduction des vitesses de navigation.
En fixant une limite de vitesse maximale à 75 % de la vitesse de conception des navires – ce qui équivaut à une plage de réduction de vitesse de 5 à 10 % selon le type de navire, nous pouvons réduire la pollution sonore océanique et le risque de collision avec des baleines et également diminuer les émissions de gaz à effet de serre générées par la navigation maritime.
Apportez votre soutien à la cause en signant notre pétition Blue Speeds (“Vitesses Bleues”) afin de demander aux institutions européennes d'adopter cette mesure. A partir du 25 octobre vous pourrez également consulter les conclusions d’un rapport sur les bénéfices socio-économiques de ces « Vitesses Bleues ».
Lorsque le bruit cesse, la pollution cesse immédiatement
IFAW travaille au niveau législatif et auprès de l’ensemble des parties prenantes du secteur pour faire bouger les lignes et faire en sorte que des règlementations fortes soient mises en place pour faire réduire le bruit sous-marin. Mais cela ne suffit pas, nous devons tous nous y mettre.
Chacun a le pouvoir d’agir, chacun a le pouvoir de créer des changements percutants via ses habitudes de consommation. Questionnez-vous : d’où viennent vos achats ? Sont-ils indispensables ? Auriez-vous pu les acheter dans une boutique près de chez vous ? Privilégiez-vous les produits locaux, notamment pour les fruits et les légumes ? Les produits de notre quotidien viennent souvent de l’autre bout du monde et sont transportés par porte-conteneurs dont la navigation n’est pas sans risque pour la vie marine. Il n’est évidemment pas possible de consommer 100% local puisque nous vivons dans un monde mondialisé mais nous pouvons toutes et tous contribuer à faire changer les choses en essayant d’acheter local. De cette manière, nous savons que nos produits ne viennent pas de bateaux et ne représentent pas une menace pour ces animaux marins qui nous sont chers.
- Noe Swynghedauw, Chargé de campagne conservation marine
[1] The soundscape of the Anthropocene ocean, Carlos M. Duarte et al., Science, 2021
[2] Leaper, R. (2019). The Role of Slower Vessel Speeds in Reducing Greenhouse Gas Emissions, Underwater Noise and Collision Risk to Whales.
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