Prévention de la criminalité liée aux espèces sauvages — Europe
l’Union européenne est considérée comme le troisième importateur d’espèces sauvages illégales au monde.Détruisons l’ivoire pour lutter contre le trafic et soutenir la restauration des populations d’éléphants
Détruisons l’ivoire pour lutter contre le trafic et soutenir la restauration des populations d’éléphants
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Nous voilà arrivés à la troisième opération de destruction d’ivoire du projet « Je donne mon ivoire ». IFAW a lancé ce projet en 2015 en voyant les dangers et les difficultés pour les particuliers, souvent héritiers de ces cadeaux empoisonnés, qui ne savent pas comment faire pour s’en débarrasser.
Pour beaucoup, donner son ivoire à des fins de destruction n’a pas une signification anodine : l’ivoire provient d’héritages qui lient les donateurs à leurs parents, grand parents, maris… désormais partis. Ces objets ont été acquis à une époque où le regard sur ces animaux était différent ; une époque où la chasse autorisée était beaucoup plus répandue et acceptée par la société. On se préoccupait moins du destin tragique de certaines espèces, décimées pour leurs dents, leurs cornes ou leurs fourrures …
Deux générations plus tard, nous réalisons que le monde a assisté au massacre de ces pachydermes, les réduisant en une décennie de 1,3 million d’individus à environ la moitié, afin de répondre à une demande incessante pour en faire des bibelots et autres objets de décoration. On arrachait leurs défenses pour en faire des objets dont personne n’a besoin. L’ironie étant que les éléphants, eux, en ont besoin pour se défendre et subvenir à leurs besoins.
Aujourd’hui les consciences se sont éveillées : beaucoup sont gênés d’avoir hérité de ce type d’objet. La question est maintenant : que faire avec ? Bien sûr, les garder dans un placard, oubliés, reste une option. Cependant, on peut s’interroger : et si un jour l’objet était remis en vente par des gens peu scrupuleux ou qui ignorent simplement la législation en vigueur ? Serait-ce vraiment grave ? De toute manière, d’après certaines réflexions, l’animal est déjà mort donc autant utiliser ces restes, mais une destruction ? Cela paraît dur à accepter.
Pourquoi détruire l’ivoire ?
Je veux bien entendre l’argument que ces objets ne nuisent pas, puisque l’animal est déjà mort depuis longtemps. Ce point de vue pourrait tenir bon si la convoitise pour les défenses ou bien d’autres produits issus d’espèces sauvages était confinée aux livres d’histoire. Une convoitise qui a mené et mène encore certaines espèces au bord de l’extinction. Pourtant, la réalité démontre le contraire : les saisies (plus de 40 tonnes en 2019[1] ; ou plus récemment 7 tonnes saisies en mars 2023 au Vietnam) témoignent que la demande pour l’ivoire est toujours d’actualité. Les menaces, dont la disparition de l’habitat et le braconnage, pèsent sur les éléphants et les empêchent de retrouver des populations viables. C’est pourquoi il est nécessaire de trouver une solution responsable pour les tonnes d’ivoire qui circulent sur notre territoire. Les musées ont suffisamment de stock et ne peuvent assurer une prise en charge de ces objets pour garantir qu’ils ne soient pas ultérieurement remis sur le marché.
Chaque geste compte et il est courageux de renoncer à un objet qui peut avoir une valeur sentimentale. Oui, céder son ivoire pour le retirer à jamais du marché est seulement un geste, mais un geste d’une symbolique forte. Accepter n’importe quel commerce autour de ces objets, mêmes anciens, revient à l’idée d’accepter ce commerce. Accepter ce commerce, retirant ainsi tout tabou associé, sonne la mort pour les éléphants vivants aujourd’hui. Cela nourrit la demande tout en entretenant un système qui sert de couverture au blanchiment d’ivoire illicite. Commerce et trafic d’ivoire sont indéniablement liés.
Une vision optimiste : un arbre planté pour chaque kilo retiré du marché, pour restaurer la vie
Nous comprenons que l’acte de destruction peut apporter une vision plutôt pessimiste, c’est pour cela que pour chaque kilo d’ivoire donné à IFAW dans le cadre de cette destruction, nous plantons, avec notre partenaire Wild is Life, un arbre pour restaurer l’habitat des populations d’éléphants encore vivantes. Des arbres pour restaurer la vie. Avec cette action, l’opération de destruction d’ivoire combat à elle seule deux des principales menaces qui pèsent sur les éléphants : 1) la disparition de leur habitat 2) la convoitise (demande) pour leurs défenses.
Depuis 2015, la demande de particuliers qui souhaitent se débarrasser de leurs objets en ivoire augmente fortement. D’une première opération qui a permis la destruction de 30 kg d’ivoire, nous passons aujourd’hui à une destruction 50 fois plus importante (env. 1,5 tonnes). Cette quantité représente l’ivoire porté fièrement à une époque par 150 éléphants. Certes, ces animaux sont déjà morts, mais en aucun cas leur ivoire va continuer à nourrir la convoitise pour les défenses de leurs descendants aujourd’hui.
Le contexte et historique du projet « Je donne mon ivoire »
En 2014, l’Etat français détruisait 3 tonnes d’ivoire illicite issu de saisies, mettant en avant le rôle joué par la France dans la chaine de ce trafic en tant que pays de transit et/ou destination. En 2016, la France interdit définitivement tout commerce d’ivoire brut sur son territoire. Elle limite ensuite fortement le commerce d’ivoire aux objets travaillés.
Après de longues années de combat, nous sommes fiers que l’UE, l’un des plus gros exportateurs d’ivoire légal dans le monde, restreigne, à son tour, fortement le commerce de l'ivoire à la fin de l'année 2021, signant en principe la fin de ce commerce au sein de l’UE.
La mobilisation internationale dont témoigne les fermetures respectives des marchés Etats-Uniens (2016), et chinois (2017) a joué un rôle déterminant pour mettre un frein important au commerce, même s’il existe parfois des lacunes qu’il convient de surveiller de près. N’oublions jamais que ce marché stimule une demande mondialisée et met à mort, chaque année, des milliers d’éléphants d’Afrique. Tout commerce d’ivoire, y compris sur internet, encourage ce braconnage et stimule la demande.
Donner son ivoire à des fins de destruction offre la possibilité, à chaque détenteur qui le souhaite, de faire un geste en faveur de la préservation des éléphants. Cette action vise à protéger du braconnage et du commerce de l’ivoire dont ils sont victimes, les derniers éléphants de la planète.
Appel à la mise en place d’un protocole pérenne de collecte et de destruction de ces objets par l’Etat
Le besoin de trouver une solution pour se débarrasser de son ivoire s’est amplifié, les chiffres le démontrent. Cela reflète une prise de conscience mais aussi un réel besoin. C’est pourquoi nous demandons que le gouvernement mette en place un protocole pérenne de prise en charge et de destruction régulière de ces objets. L’ampleur de la tâche et les risques associés impliquent qu’une ONG ne peut plus assurer cette prise en charge. Nous souhaitons qu’à l’issue de cette dernière destruction, soutenue par la Secrétaire d’État chargée de la biodiversité, l’État assume la responsabilité de la collecte et destruction systématique de ces objets comme cela se fait déjà aux Pays-Bas ou en Belgique.
IFAW remercie chaleureusement tous les donateurs d’ivoire qui ont contribué à cette action ainsi que les entreprises Moroni pour son mécénat et Veolia gestionnaire d’incinérateur de Rémival ainsi que la Communauté Urbaine de Grand Reims qui ont permis la réalisation de cette opération de destruction.
Avec cette dernière destruction, IFAW arrête de recevoir de l’ivoire à des fins de destruction mais continuera à travailler avec les autorités pour qu’elles prennent le relais. Nous espérons vivement que le gouvernement relèvera le défi de la mise en place d’un système de collecte pérenne.
[1] Selon le Système d’information sur le commerce des éléphants, communément appelé ETIS (Elephant Trade Information System), dernier rapport publié en 2020.
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