sur la piste de la cybercriminalité faunique

En septembre, des lionceaux, des tigreaux et des singes ont été saisis aux Émirats arabes unis après que les forces de l’ordre aient été informées par un citoyen d’une tentative de vente en ligne. En octobre, un homme a été condamné en Grande-Bretagne pour tentative de trafic de morceaux de défenses d’éléphant vers l’Extrême-Orient après avoir posté une annonce sur un site de vente en ligne.

Quels sont les points communs de ces affaires récentes ? Les trafiquants ont utilisé internet pour atteindre leurs clients afin de retirer un bénéfice de la vente d’animaux menacés, qu’ils soient vivants ou qu’ils s’agissent de parties de leur corps.

Aujourd’hui INTERPOL, avec le soutien du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) et de l’Adessium Foundation, lance des recommandations pratiques sur la « Criminalité liée aux espèces sauvages sur internet ». Elles permettront aux forces de l’ordre du monde entier de disposer des connaissances et des compétences nécessaires pour détecter et neutraliser les trafiquants d’espèces sauvages qui agissent sur internet.

En une dizaine d’années, les recherches innovantes d’IFAW ont révélé que des dizaines de milliers de produits issus d’espèces sauvages menacées d’extinction ainsi que des animaux vivants sont mis en vente sur internet. Cela concerne notamment l’ivoire, la corne de rhinocéros, les grands félins, les primates, les oiseaux vivants, les reptiles et les amphibiens. Des sites de vente en ligne et des plateformes de réseaux sociaux ont jusqu’à présent supprimé des centaines de milliers d’annonces ou de publications sur la faune qui enfreignent leurs politiques respectueuses des animaux. Mais ce n’est peut-être que la partie visible de l’iceberg. Étant donné l’immensité d’internet, le risque que son utilisation fait courir aux espèces sauvages menacées est susceptible d’être beaucoup plus important que ce que nous pouvons mesurer.

L’un des principaux défis auxquels sont confrontés les défenseurs de la conservation, les forces de l’ordre et les entreprises en ligne est de distinguer le commerce légal d’espèces sauvages du commerce illégal en ligne. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) réglemente le commerce des espèces menacées et en voie de disparition, autorisant le commerce dans certaines circonstances tout en l’empêchant si ce commerce constitue une menace pour la survie des populations animales sauvages. L’identification des annonces en ligne qui enfreignent la loi est du ressort des forces de l’ordre. C’est là que les recommandations d’INTERPOL vont être utiles.

Les Recommandations d’INTERPOL sur la Criminalité liée aux espèces sauvages sur internet font partie d’un effort concerté plus vaste visant à intensifier les efforts des forces de l’ordre dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages sur internet. INTERPOL est signataire du Plan d’action contre la cybercriminalité mondiale liée aux espèces sauvages dirigé par IFAW. Le plan est la feuille de route pour neutraliser la cybercriminalité faunique et est conçu pour renforcer la coopération, la communication et la collaboration entre les gouvernements, les forces de l’ordre, les entreprises, les organisations intergouvernementales, les organisations non gouvernementales et les universitaires afin de détecter et de neutraliser les cybercriminels.

INTERPOL permet également aux forces de l’ordre d’avoir accès à des experts du Complexe mondial pour l’innovation d’INTERPOL à Singapour, qui peuvent fournir conseils et assistance sur la manière de lutter contre la cybercriminalité faunique. Par ailleurs, les gouvernements du monde entier se sont engagés, lors de la Conférence des parties à la CITES en août 2019, à prendre de nouvelles mesures pour lutter contre la criminalité faunique sur internet. Ces mesures comprennent la désignation de points de convergence nationaux sur la cybercriminalité faunique, la mise en place de programmes nationaux de surveillance et une collaboration avec les plateformes en ligne pour sensibiliser davantage aux politiques relatives à la faune.

IFAW soutient les efforts d’application de la loi et prend des mesures audacieuses pour mettre fin à la cybercriminalité faunique.

Notre approche fournit aux forces de l’ordre les informations dont elles ont besoin pour identifier les trafiquants d’espèces sauvages en ligne. Elle garantit que les entreprises en ligne adoptent et mettent en œuvre des politiques respectueuses des animaux sauvages et soutient l’élaboration et le renforcement des politiques internationales et des lois nationales. En réunissant le secteur public et la société civile, nous sommes en mesure de créer une stratégie intégrée qui vise à mettre fin à la cybercriminalité.

 Nous ne pouvons faire tout ce travail sans vous. Rejoignez-nous dans la lutte contre la cybercriminalité sauvage en vous engageant à être un consommateur averti. Signalez les annonces et les publications suspectes sur les sites de vente en ligne et les plateformes de réseaux sociaux et encouragez vos amis à dire non aux produits illégaux issus de la faune sauvage. N’oubliez pas : si vous ne les achetez pas, ils ne mourront pas. Grâce à vos yeux et à vos oreilles supplémentaires, nous pouvons élargir notre réseau et protéger les animaux contre la menace mortelle de la cybercriminalité.

 Tania McCrea - Steele