Projet « Chiens de détection » au Bénin
les chiens sur la piste de la criminalité liée aux espèces sauvagesBénin : ifaw forme les premières unités policières dédiées à la protection des espèces protégées
Bénin : ifaw forme les premières unités policières dédiées à la protection des espèces protégées
Ils se prénomment Nabil, Francis, Diaz et Léopold. Vous ne les connaissez pas. Du moins, pas encore. En ce 20 février 2020, sous une chaleur moite et pesante, habillés de leur uniforme officiel, ils se tiennent au garde-à-vous face à un parterre d’invités des plus enviables. Au premier rang, Sacca Lafia, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique et Soumaila Yaya, directeur général de la Police républicaine, les observent.
A l’appel de leurs noms, l’un après l’autre, Nabil, Francis, Diaz et Léopold, s’avancent, sans un faux pas. Ils sont impassibles. Rester maître de ses émotions est ce que leur statut de policier leur impose alors qu’ils se voient remettre, des mains de leur hiérarchie, leur certificat de maître-chien récompensant huit mois d’apprentissage intensif. Mais Frédéric, formateur cynotechnique d’IFAW qui les encadre depuis le premier jour, et moi-même, savons que leur joie et leur fierté sont immenses - à la hauteur des nôtres - d’entrer dans la grande famille de la conservation. Nous savons aussi que c’est avec Nariz, Nickel (issue du refuge SPA de Plaisir), Yellow, et Olfa, devenus leurs fidèles coéquipiers et compagnons qu’ils partageront, en premier lieu, cette réussite et ce, sous le regard bienveillant de Tiburce destiné à devenir le formateur local de la brigade et son partenaire, Marley, future star de la détection, originaire du refuge SPA de Carcassone.
Créer et entraîner l'équipe de chiens de détection
Sélectionnés parmi quarante policiers volontaires à l’issue de tests physiques et techniques difficiles, ces agents n’imaginaient sans doute pas qu’aux côtés de leurs chiens venus de France, ils formeraient les quatre premières unités cynotechniques du Bénin dévouées à la lutte contre le trafic d’espèces sauvages protégées. Apprendre à détecter l’ivoire d’éléphant et les écailles de pangolins pour les chiens, apprendre à guider les chiens dans leur recherche et savoir les comprendre pour les maîtres, créer des binômes opérationnels unis par une relation complice exclusive...Tels étaient les enjeux à relever pour IFAW dans une région du monde où les capacités olfactives des chiens sont méconnues et où la peur de l’animal est légion. Nabil, Francis, Diaz, Léopold et Tiburce, sont désormais des acteurs de premier plan dans cette lutte constante et complexe contre une criminalité transnationale parmi les plus lucratives qui décime, chaque année, des millions d’animaux dont 100 000 pangolins, 20 000 éléphants ou encore 1000 rhinocéros.
La volonté d'aider à stopper les trafiquants d'espèces sauvages protégées
Alors que nous inaugurons une brigade cynophile ‘version 2020’ entièrement rénovée, modernisée, agrandie et équipée par nos soins afin d’y intégrer des standards de bien-être animal et de bien-être humain élevés, nous mesurons le chemin parcouru depuis ce jour de mai 2018 où nous nous engagions, auprès du gouvernement béninois, à étendre la mission sécuritaire de ce corps de police particulier à la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages.
Quinze mois de travaux entrepris simultanément par les sociétés Siven Afrique et DCG-BTP ont été nécessaires, notamment, pour :
- doubler la superficie des courettes des chiens et réaliser deux parcs où ces derniers aiment s’allonger à l’ombre d’un manguier d’envergure,
- construire un cabinet vétérinaire où les animaux peuvent bénéficier des meilleurs soins dans des conditions d’hygiène et de sécurité adaptées,
- aménager des bureaux et des espaces fonctionnels, valorisants pour les personnels,
- bâtir une structure entièrement dévolue à l’entrainement quotidien des équipes cynotechniques où les conditions de contrôle, par exemple sur un tapis de bagage en milieu aéroportuaire, peuvent être recréées. Les maîtres y affinent leur technique, alors que les chiens, tels des athlètes de haut-niveau, y peaufinent leur odorat sur les matières qu’ils devront savoir détecter en opération. Ce flair exceptionnel, couplé à une grande mobilité, leur permettra de contrôler 200 à 300 bagages en 20 minutes, avec un taux de réussite en matière de détection variant de 70 à 95% en fonction du degré d’expérience de l’animal. Rappelons que l’être humain, en dépit des outils dont il dispose, atteint difficilement 30%.
Bénéficier d’unités canines bien formées, bien entrainées, bien équipées et valorisées est un atout essentiel dans un dispositif de sécurité nationale. En ce 20 février, c’est ce que prouvent les unités en démonstration. Les applaudissements appuyés ponctuent le sans-faute des équipes et le Ministre de l’Intérieur ne cache pas sa stupéfaction devant la capacité des chiens à détecter quelques milligrammes d’ivoire d’éléphant ou d’écailles de pangolin enfermés dans certains des bagages disposés au sol ou en hauteur.
Devenus opérationnels, Nabil, Francis, Diaz, Léopold et Tiburce se déploieront bientôt sur des sites stratégiques tels que l’aéroport ou le port de Cotonou grâce aux deux véhicules spécialement adaptés au transport des unités canines dont IFAW a équipé la brigade. Avec Nariz, Olfa, Nickel, Yellow et Marley, ils sont prêts à défier les trafiquants. C’est une responsabilité de sécurité nationale mais aussi une question de santé publique telle que nous l’ont enseigné l’émergence et la propagation rapide du Covid 19 à travers le monde. Leur volonté de protéger les animaux de leur pays est forte et nous ne manquerons pas de vous informer de leurs progrès. Mais rappelez-vous : lutter plus efficacement et plus fermement contre l’érosion de la biodiversité est l’affaire de chacun d’entre nous.
Céline Sissler-Bienvenu
Afin d'augmenter notre impact, nous travaillons également avec plusieurs partenaires qui soutiennent le programme de formation d'IFAW. La société Morin offre une réduction sur l'achat d'équipement canin, Almo Nature fournit gracieusement la nourriture des chiens de détection de la brigade, et Ceva Santé Animale offre généreusement des produits vétérinaires adaptés. En outre, notre première année de travail a été cofinancée par le fonds Elephant Crisis Fund.
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