Les animaux menacés de la forêt tropicale du Congo
Les animaux menacés de la forêt tropicale du Congo
6 juin 2024
La forêt tropicale du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale de notre planète et est surnommée le « poumon de l’Afrique » en raison de l’oxygène qu’elle fournit. Sur ses 220 millions d’hectares vivent des millions d’espèces animales et végétales différentes, y compris 11 000 espèces de plantes tropicales (dont 30 % ne se trouvent qu’au Congo), plus de 1 200 espèces d’oiseaux, 700 espèces de poissons, 450 espèces de mammifères et environ 280 espèces de reptiles. Le bassin du Congo représente 70 % du couvert végétal de tout le continent, ce qui en fait un puits de carbone vital.
Cette forêt abrite également certaines des espèces les plus menacées au monde, comme l’éléphant de forêt d’Afrique, le gris du Gabon et les deux espèces de gorilles. Le braconnage, la perte d’habitat et le commerce d’animaux de compagnie exotiques constituent les menaces les plus courantes auxquelles ces animaux sont confrontés.
Voici une liste des animaux menacés que l’on trouve dans le bassin du Congo, de la plus grande grenouille du monde à l’un des plus grands mammifères terrestres.
Okapis
Appartenant à la famille des girafes, les okapis (Okapia johnstoni) sont des mammifères à sabots célèbres pour les rayures zébrées de leurs pattes. Les okapis sont les seuls cousins vivants des girafes, et on ne les trouve que dans le bassin du Congo. S’ils peuvent coexister avec de petites installations humaines et de faibles niveaux de perturbation, leur habitat diminue de plus en plus en raison de l’intensification des activités humaines, notamment l’exploitation forestière et l’occupation illégale de zones protégées. Ils sont également fréquemment la cible de chasseurs qui utilisent des collets pour les attraper et récupérer leur viande et leur peau.
Les conflits humains sont une autre menace importante pour les okapis. Des groupes armés sont présents autour de leur aire de répartition, y compris dans des zones protégées cruciales. Leur présence empêche les actions de conservation et la surveillance de l’espèce, et ils se livrent également à des activités illégales comme la chasse pour la viande de brousse, l’exploitation minière et l’abattage des arbres. C’est à cause de toutes ces raisons que les okapis sont menacés.
Éléphants de forêt d’Afrique
Légèrement plus petits que leurs cousins, les éléphants de savane d’Afrique, les éléphants de forêt d’Afrique(Loxodonta cyclotis) sont le deuxième plus grand mammifère au monde et une grosse partie de leur population se trouve dans le bassin du Congo. Ils sont en danger critique d’extinction et le braconnage reste la plus grande menace pour leur survie. Les éléphants sont tués pour leurs défenses en ivoire et leur viande, et bien que le commerce de l’ivoire soit illégal dans le monde entier, il se pratique toujours sur le marché noir.
La fragmentation de leur habitat a également des conséquences graves pour ces éléphants. À mesure que de plus en plus de terres sont consacrées à l’agriculture, à l’habitat et aux infrastructures, les populations d’éléphants disposent de moins d’espace et se retrouvent séparées les unes des autres. Cela entraîne une augmentation des conflits entre l’humain et l’éléphant et une diminution des populations d’éléphants.
Gorilles
Les deux espèces de gorilles, le gorille de l’Est (Gorilla beringei) et le gorille de l’Ouest (Gorilla gorilla), vivent toutes deux dans le bassin du Congo et sont en danger critique d’extinction. On estime qu’il reste 2 600 gorilles de l’Est à l’état sauvage. Le gorille des plaines orientales, également connu sous le nom de gorille de Grauer, est la plus grande sous-espèce de gorille.
Le braconnage pour la viande de brousse constitue une des principales menaces pour la survie des gorilles, en raison de la rareté des sources de protéines. Souvent, les jeunes gorilles sont capturés après que leur mère a été chassée et tuée, et ils meurent généralement en captivité ou sont saisis par les autorités chargées de la protection de la faune. Les conflits armés dans la région ont entraîné une augmentation de la circulation d’armes illégales, ce qui a considérablement facilité le braconnage.
La déforestation est également une menace majeure pour les gorilles, et elle est accentuée par les troubles civils que connaît la région. La présence de groupes armés et de réfugiés dans certaines parties du bassin du Congo exerce une pression énorme sur la forêt et ses animaux, car les terres sont transformées en zones d’habitation, d’agriculture, d’exploitation forestière et minière. Les maladies transmises par les humains aux gorilles constituent également une menace.
Les gorilles de l’Ouest sont particulièrement menacés par les plantations de palmiers à huile, car une grande partie de leur habitat se prête à ce type d’agriculture. On estime que 73,8 % de l’habitat de la sous-espèce de gorille des plaines occidentales pourrait être converti en plantations.
Enfin, l’augmentation des températures et la modification des régimes pluviométriques résultant du changement climatique devraient avoir un impact majeur sur l’habitat des gorilles. Le changement climatique a déjà un impact sur la sécurité alimentaire des humains, qui continueront à empiéter sur l’habitat des gorilles s’ils ne peuvent pas s’assurer des ressources suffisantes.
Chimpanzés
Les chimpanzés (Pan troglodytes) sont une autre espèce de grands singes menacée que l’on trouve dans le bassin du Congo. Ils sont considérés comme nos plus proches parents parmi tous les primates, partageant 98,7 % de notre ADN. Bien que l’abattage et la consommation de tous les grands singes soient interdits, le braconnage reste l’une des plus grandes menaces pour les chimpanzés. Ils sont chassés à l’aide de fusils et piégés avec des collets, y compris avec des pièges posés dans l’intention d’attraper d’autres mammifères. Les jeunes chimpanzés dont les parents sont tués sont souvent capturés comme animaux de compagnie ou sont victimes du commerce illégal d’espèces sauvages.
Les chimpanzés sont aussi parfois tués en représailles des pillages de cultures, une forme de conflit entre l’humain et la faune. Ces conflits sont de plus en plus intenses et perpétuent les préjugés à l’égard des chimpanzés. En plus, leur habitat est en train de disparaître au profit de l’agriculture, de l’exploitation forestière, de l’exploitation minière et d’autres activités humaines.
En raison de nos similitudes en matière d’ADN, de nombreuses maladies infectieuses peuvent être transmises entre les humains et les chimpanzés. L’une d’entre elles vient du virus Ebola, qui a provoqué une série de morts en masse chez les chimpanzés.
Bonobos
Les bonobos (Pan paniscus) font également partie de la famille des grands singes et vivent exclusivement dans le bassin du Congo. L’espèce est menacée à cause du braconnage et de la perte d’habitat. En raison d’un manque de sensibilisation aux bonobos, tant dans les communautés urbaines que rurales, il est peu connu que la chasse et la consommation de bonobos sont illégales. Comme les bonobos se reproduisent lentement, il est difficile pour leur population de se remettre des chocs.
Dans de nombreuses communautés locales, la chasse et la consommation de bonobos sont taboues. Cependant, de nombreux braconniers qui s’attaquent aux bonobos ont voyagé depuis d’autres endroits, et de nombreux trafiquants sont également actifs, même dans les zones protégées.
Comme pour d’autres singes, les troubles civils dans la région ont augmenté le braconnage et la perte d’habitat pour les bonobos. Cette situation est due à la prolifération d’armes illégales et au fait que de nombreuses personnes ont dû quitter leur foyer.
En outre, les plantations de palmiers à huile menacent l’habitat des bonobos. On estime que 99,2 % de l’habitat des bonobos convient aux palmiers, ce qui signifie que si cette industrie n’est pas réglementée, cet habitat pourrait être complètement décimé.
Le braconnage laisse de nombreux jeunes bonobos orphelins, et ils peuvent devenir des victimes faciles pour le trafic d’espèces sauvages. IFAW soutient la réhabilitation des bonobos secourus chez Lola ya Bonobo, un sanctuaire et un site de remise en liberté gérés par Friends of Bonobos.
Pangolins
Le bassin du Congo abrite deux espèces de pangolins menacées : le pangolin à petites écailles (Phataginus tricuspis) et le pangolin géant (Smutsia gigantea). Ces mammifères timides et écailleux ont été décimés par le braconnage pour leur viande et leurs écailles, qui font souvent l’objet d’un commerce illégal pour la médecine traditionnelle.
Depuis le début du mois de juin 2023, trois pangolins à petites écailles (Manis tricuspis) et un pangolin à longue queue (Manis tetradactyla) ont été saisis à Dimonika. En utilisant les protocoles et les ressources CARE, les quatre ont été capturés et transportés au centre de réhabilitation de JGI. Ils ont ensuite été tous les quatre remis en liberté après des examens vétérinaires. Le pangolin à petites écailles est l’espèce de pangolin que l’on trouve le plus souvent sur les marchés de viande de brousse. Une étude réalisée en 2019 a révélé que les écailles d’environ 200 000 pangolins africains ont été confisquées sur une période de trois ans seulement (de 2015 à 2018).
La perte d’habitat est également une menace majeure pour ces animaux, principalement en raison de la déforestation. Leurs habitats sont aussi perturbés par l’agriculture, l’exploitation minière, les carrières et les forages pétroliers.
Gris du Gabon
Largement considéré comme l’un des oiseaux les plus intelligents au monde, le gris du Gabon (Psittacus erithacus) est originaire de la région du bassin du Congo. Ces oiseaux sont menacés, et on estime que leur population a diminué de 50 % à 79 % sur trois générations (43 ans). Cela est dû à la fois à la capture de spécimens vivants et à la perte d’habitat.
Malgré leur grande taille et leur durée de vie qui peut être aussi longue que celle d’un être humain, les gris du Gabon sont l’un des oiseaux les plus recherchés pour le commerce d’animaux de compagnie exotiques en raison de leur intelligence. Rien qu’entre 1982 et 2001, le commerce international a concerné plus de 1,3 million de ces oiseaux, et leur capture à l’état sauvage se poursuit encore aujourd’hui. On estime également que 30 à 66 % de ces perroquets meurent de cette pratique avant même leur commercialisation, ce qui signifie que le nombre total de perroquets concernés est encore plus élevé.
Ils ne sont pas seulement destinés à être vendus vivants. Ils sont également chassés pour la viande de brousse et les parties de leur corps, notamment les plumes. En outre, ils ont perdu une grande partie de leur habitat forestier. Cette espèce a besoin de grands arbres avec des cavités pour faire son nid.
En 2016, IFAW a uni ses forces à celles de gouvernements africains et d’autres organisations pour que le gris du Gabon bénéficie d’une protection renforcée dans le cadre de la CITES. IFAW a également soutenu l’Autorité ougandaise de la faune sauvage, Conserv Congo, et le World Parrot Trust aux côtés du Wildlife Trust of India pour enquêter sur une affaire de trafic, qui a conduit à la saisie de 122 perroquets chez un trafiquant de la République démocratique du Congo (RDC). Les oiseaux ont été transportés au Centre de conservation de la faune d’Ouganda, avant d’être relâchés avec succès et suivis dans la nature.
En 2023, une opération d’infiltration a conduit à l’arrestation de quatre hommes et à la saisie de 45 gris du Gabon en République du Congo. Les autorités ont immédiatement contacté le Jane Goodall Institute, partenaire de la mise en œuvre du projet CARE (Confiscated Animals - Rescue and Enforcement) d’IFAW, pour qu’il les aide à manipuler et à transporter les perroquets en vue d’une captivité de longue durée. Le projet CARE est rendu possible grâce au généreux soutien du Département d’État américain, Bureau des affaires internationales relatives aux stupéfiants et à l’application de la loi (INL).
En parallèle, en RDC, IFAW s’est associé à World Parrot Trust et à la Fondation Lukuru pour organiser la logistique nécessaire à 16 confiscations et remises volontaires (totalisant 453 gris du Gabon) par des fonctionnaires de la RDC entre août et décembre 2023. Un grand nombre de ces perroquets confisqués ont été jugés aptes à être réhabilités et, espérons-le, à regagner leur milieu naturel, une étape importante.
Ces confiscations nous ont également permis de trouver des collaborateurs pour le projet dans deux secteurs de la province du Maniema où le commerce de perroquets reste endémique et où l’on trouve une concentration de populations vulnérables. Le soutien d’IFAW continue de permettre la surveillance des marchandises passant par les principaux points de transit du commerce des perroquets.
Grenouilles goliath
Également connue sous le nom de grenouille géante, la grenouille goliath (Conraua goliath) est la plus grande grenouille vivante au monde. On ne les trouve qu’au Cameroun et en Guinée équatoriale, où elles vivent dans les rivières et les ruisseaux à débit rapide de la forêt tropicale du Congo. C’est une espèce menacée.
La principale menace qui pèse sur les grenouilles goliath est la chasse pour la consommation humaine. Elles sont chassées par les habitants de la région et vendues sur les marchés de viande de brousse. Ces grenouilles sont également destinées au commerce international d’animaux de compagnie exotiques. Elles sont régulièrement importées du Cameroun aux États-Unis pour le commerce d’animaux de compagnie et les zoos. Dans le passé, elles étaient également importées aux États-Unis pour des courses de grenouilles, une pratique cruelle et inutile.
Les grenouilles de Goliath perdent aussi leur habitat au profit de l’agriculture, notamment des plantations de cacao, de bananes et de palmiers. L’exploitation forestière, les installations humaines et les nouvelles routes dégradent également les forêts où elles vivent. Les cours d’eau dont dépend l’espèce sont exposés à la sédimentation et à la pollution chimique.
Le faux-gavial d’Afrique
Le faux-gavial d’Afrique (Mecistops cataphractus) est un reptile en danger critique d’extinction qui vit dans le bassin du Congo. Il ne reste qu’un millier de ces crocodiles et leur population diminue. Ils ont décliné à cause du commerce de leur peau, de la chasse de subsistance et de la destruction de leur habitat. Bien que la chasse pour leur peau ait diminué en raison de la baisse de leur population, la pêche, la perte d’habitat due à l’agriculture et la chasse à la viande de brousse empêchent la reconstitution de l’espèce.
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