Aurore Morin
Quels cétacés pourrez-vous rencontrer près des côtes françaises ?
Quels cétacés pourrez-vous rencontrer près des côtes françaises ?
Saviez-vous que plus de trente espèces de baleines, de dauphins et de marsouins vivent au sein des eaux européennes ? La France a la chance de compter une cinquantaine d’espèces régulièrement présentes dans les eaux bordant ses côtes, en comptant les régions d’outre-mer.
L’espace maritime français représente en effet plus de 10,2 millions de km², ce qui en fait le deuxième domaine maritime le plus grand du monde, après celui des États-Unis.
Cétacé ? Késako ?
Les cétacés sont un groupe de classification scientifique d’espèces de mammifères aquatiques regroupant les baleines, les rorquals, les dauphins et les marsouins. Le mot cétacé vient du grec ancien κῆτος / kêtos, qui signifie « grand poisson » ou « monstre marin ».
Il existe deux catégories de cétacés : les odontocètes, ou cétacés à dents, et les mysticètes, ou cétacés à fanons.
Chacun de ces animaux doit remonter à la surface pour respirer, y compris lors de leurs phases de sommeil, qui ne durent pas plus d’un quart d’heure et qui s’étalent sur toute la journée.
Le sens le plus développé chez les cétacés est l’audition car ces animaux (comme beaucoup d’autres espèces marines) se basent sur les sons pour mener à bien toutes leurs fonctions vitales essentielles : communiquer, se diriger, se nourrir, trouver des partenaires ou éviter les prédateurs. Les odontocètes sont capables d’écholocalisation, une sorte de sonar naturel, qui leur permet de prendre des repères dans l’environnement et de localiser leurs proies.
Le saviez-vous ? Les cétacés jouent un rôle écologique extrêmement important !
Les baleines, par exemple, plongent en profondeur et remuent les nutriments des fonds marins, favorisant la circulation de ces derniers et nourrissant le phytoplancton, qui a la particularité de produire 50% de l'oxygène de la planète et d'absorber 40% du CO2 produit.
De plus, les cétacés sont ce qu’on appelle des espèces parapluies : en les protégeant, nous assurons non seulement le maintien de leurs populations, mais aussi la conservation d'autres espèces qui dépendent du même écosystème.
Quels cétacés peuplent les eaux françaises ?
Petit tour de carte des cétacés que vous pourrez avoir le plus de chance d’apercevoir au large des côtes françaises si vous passez vos vacances au bord de la mer cet été…
16 espèces de cétacés sont régulièrement présentes en Méditerranée, dont le deuxième plus grand animal sur Terre ! Voici deux animaux que vous pourrez croiser :
- Le rorqual commun : deuxième plus grand mammifère vivant sur la planète (après la baleine bleue), il peut atteindre jusqu’à 20 mètres de long et vivre une centaine d’années. Vous ne pourrez pas le rater s’il passe dans le coin ! Depuis 2021, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a malheureusement classé la sous-population vivant en Méditerranée dans la catégorie « en danger d’extinction ». Ces animaux sont en effet menacés par la pollution sonore sous-marine et les collisions avec un nombre important de navires, puisque le bassin méditerranéen concentre à lui seul 30% du trafic maritime mondial.
- Le cachalot : cet animal de la famille des odontocètes est un autre géant des mers. Il peut mesurer jusqu’à 16 mètres pour les mâles contre 11 mètres pour les femelles. Il utilise des clics via l’écholocalisation (voir illustration plus haut) pour localiser ses proies et communiquer avec ses congénères. Il est capable de retenir son souffle pendant plusieurs heures pour descendre dans les profondeurs (jusqu’à 2000 mètres !) et chasser des poissons ou des calmars. La population de cachalots de la Méditerranée est malheureusement considérée comme en danger d’extinction par l’UICN car elle est estimée aujourd’hui à seulement 200 individus. Elle est grandement menacée par les collisions avec les navires et le bruit sous-marin.
Les eaux méditerranéennes abritent également de nombreuses espèces de dauphins (dauphin commun, grand dauphin, dauphin de Risso, dauphin bleu et blanc…), mais aussi des orques et des petits marsouins.
Façade Atlantique
La star de cette zone atlantique est incontestablement le dauphin commun, mais on peut aussi rencontrer d’autres espèces de cétacés, comme :
- Le globicéphale noir : cétacé à dents pouvant mesurer jusqu’à six mètres et peser jusqu’à trois tonnes, il est facilement reconnaissable grâce à la forme de sa tête en forme de globe et à sa couleur noire. Il se rencontre au large dans les eaux profondes, bien qu’il puisse aussi être observé près des côtes lorsqu’il s’y déplace pour trouver sa nourriture. Il affectionne notamment nos baies normandes et bretonnes, a souvent été signalé dans le golfe de Gascogne et est aussi présent en Méditerranée. En France et dans d’autres pays d’Europe, le globicéphale demeure dans la liste des espèces à protéger car il subit des dérangements sonores liés au trafic maritime, des collisions avec des navires ainsi que des captures accessoires dans des filets de pêche.
- Le dauphin bleu et blanc : facilement reconnaissable à ses trois bandes bleues partant de l’œil, ce dauphin est similaire en taille et en poids au dauphin commun (il mesure entre 1,90m et 2,60m pour 80 à 150 kg). C’est un animal très social qui est souvent rencontré en groupes de 5 à 50 individus en eaux profondes car il aime venir jouer dans l’étrave des bateaux. Son habitat naturel est cependant aujourd’hui menacé par l’augmentation du trafic maritime et de la pêche. Malgré ces nouvelles menaces, il est seulement classé comme étant de « Préoccupation mineure » au niveau mondial par l’UICN car son état de conservation est jugé satisfaisant (population estimée à 2 millions d’individus dans le monde).
Il arrive également aux baleines bleues ou encore aux orques de faire un tour sur la façade Atlantique, notamment dans le Golfe de Gascogne.
Manche et Mer du Nord
- Marsouin commun : le plus petit des cétacés dans les eaux françaises, il mesure en moyenne 1,5 m de long et se distingue du dauphin par son museau (appelé « rostre ») court et ses dents pointues. Cet animal vit le plus souvent seul ou en couple. Il est moins facilement observable que son cousin le dauphin car il ne saute que rarement hors de l’eau et montre moins de curiosité envers les bateaux. Cela ne l’empêche pas de nager fréquemment dans le sillage des navires, plutôt près des côtes. L’’augmentation de la pollution sonore sous-marine est une menace sérieuse pour cette espèce, constituant un facteur de stress considérable pour les individus, ainsi que les prises accessoires dans les filets de pêche.
Protéger les cétacés : des règles à respecter
L’observation de la faune marine en mer implique un certain nombre de règles à respecter pour ne pas les déranger ou leur causer du stress inutile. Si vous avez la chance de croiser un ou plusieurs individus lors d’une excursion en bateau, veillez à :
- Ne pas couper leur route et rester à plus de cent mètres ;
- Couper le moteur à proximité des espèces observées ;
- Ne pas les poursuivre ou les effrayer volontairement : si des cétacés changent brusquement de direction ou s’éloignent, c’est qu’ils ne souhaitent pas être approchés ;
- Limiter l’utilisation d’emballages plastiques et ramener ses déchets à terre en les jetant dans une poubelle après le débarquement.
Rendre obligatoire la réduction des vitesses de navigation pour préserver la vie marine
Les navires se déplaçant à des vitesses élevées génèrent une importante pollution sonore sous-marine et exposent les mammifères marins à un risque accru de collision, provoquent du stress, des blessures et des décès.
Nous appelons les institutions européennes à adopter l’initiative « Vitesses Bleues pour la navigation maritime », une mesure d’envergure européenne destinée à exiger une mise en place obligatoire des vitesses de navigation réduites comme condition d’entrée dans les ports français et européens.
Contenu connexe
Blog
106 608 signatures contre la pêche à la baleine remises aux ambassades japonaises
En savoir plusCommuniqué de presse
Baleines franches de l’Atlantique nord : les inquiétudes persistent malgré une apparente stabilité de sa population
En savoir plusCommuniqué de presse
Baleine franche de l’Atlantique nord : les résultats d’une expédition scientifique confirment l'urgence de renforcer les mesures de protection
En savoir plusSans vous, nous ne pouvons rien faire. Le moindre don peut nous aider à protéger les animaux. N’hésitez plus.