Sheryl Fink
pourquoi le Canada n'a-t-il pas mis fin à la chasse commerciale aux phoques ?
pourquoi le Canada n'a-t-il pas mis fin à la chasse commerciale aux phoques ?
Ce matin, la chasse commerciale annuelle aux phoques du Groenland s'ouvre à nouveau au large des côtes de l'est du Canada. Chaque année, nous sommes nombreux à nous poser la même question : pourquoi ?
Pourquoi la chasse commerciale aux phoques a-t-elle encore lieu ? Alors que les données scientifiques montrent clairement que les phoques du Groenland n'ont pas d'impact négatif sur les stocks de poissons et qu'il n'existe pas de marché pour les produits dérivés du phoque, pourquoi le Canada autorise-t-il et soutient-il, année après année, ce massacre condamné par la communauté internationale ? La réponse, comme elle l'a été pendant des décennies, est politique.
le gouvernement continue d'alimenter une chasse moribonde
La chasse commerciale aux phoques, telle qu'elle existe aujourd'hui, est le résultat d'une stratégie du gouvernement canadien visant à fournir des emplois aux pêcheurs touchés par le moratoire de 1992 sur la pêche à la morue de l'Atlantique. Elle sert également à détourner l'attention de la mauvaise gestion politique qui a permis la surexploitation des stocks de cabillaud de l'Atlantique.
Il n'y avait aucune preuve scientifique à l'époque, et il n'y en a pas non plus aujourd'hui, que les phoques du Groenland avaient un impact négatif sur le cabillaud. Mais en accusant les phoques, en augmentant les prises autorisées et en introduisant des subventions directes et indirectes, le gouvernement du Canada a temporairement réussi à relancer la chasse aux phoques. L'industrie a dû faire face à l'indignation internationale suscitée par les vidéos montrant des abattages inhumains, mais elle a réussi à survivre pendant une dizaine d'années, en grande partie grâce au soutien financier continu et permanent du gouvernement.
En 2009, après avoir mené une étude scientifique sur le bien-être des animaux chassés dans le monde entier, l'Union européenne a interdit la commercialisation et la vente de produits dérivés de la chasse aux phoques pratiquée par des non-autochtones. Le Canada s'est battu contre cette interdiction auprès de l'Organisation mondiale du commerce, perdant à la fois la contestation initiale en 2013 et un appel ultérieur en 2014. Depuis lors, le nombre de phoques tués chaque année dans le cadre de la chasse commerciale aux phoques a chuté pour atteindre l'un des niveaux les plus bas de l'histoire.
baisse de la demande de produits dérivés du phoque
Depuis 1996, le gouvernement canadien a dépensé des centaines de millions de dollars pour développer et promouvoir les produits dérivés du phoque, ouvrir l'accès au marché et lutter contre l'interdiction de commerce imposée par l'Union européenne. Mais les efforts pour rendre la peau de phoque à la mode se sont heurtés au réchauffement climatique, aux crises économiques mondiales et à l'évolution des attitudes à l'égard de la fourrure. La viande de phoque n'a pas réussi à dépasser le stade de la nouveauté dans les menus et des séances de photos politiques, et semble aujourd'hui plus prometteuse en tant qu'appât pour le homard. En 2011, le Canada a fièrement revendiqué la signature d'un accord d'exportation de viande de phoque avec la Chine, mais en 2014, cet accord ne s'est pas concrétisé. La transplantation de valvules cardiaques de phoque était alors annoncée comme une industrie de 1,3 milliard d’euros, mais elle s'est finalement révélée infructueuse. Certains ont suggéré que le produit le plus économiquement viable d'un phoque est son pénis.
Toutes les tentatives visant à faire de la chasse aux phoques une industrie viable ont échoué. Ces échecs sont assortis de prix élevés, et de nombreux Canadiens en ont assez. Cet hiver, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador (où se pratique la majeure partie de la chasse commerciale aux phoques) a poursuivi en justice un transformateur de phoques qui n'avait pas remboursé un plan de sauvetage d'un million de dollars datant de 2015. (Le gouvernement a également décidé de remplacer les chaises recouvertes de peaux de phoque de la Chambre d'assemblée, ce qui laisse penser que les mentalités sont en train de changer, même au cœur de la chasse aux phoques).
la chasse aux phoques largement condamnée
Bien que les jours de manifestations sur la glace soient révolus, l'opposition internationale à la chasse aux phoques, cruelle et inutile, reste forte. En fait, il semblerait que la chasse aux phoques soit toujours le sujet numéro un qui arrive dans la boîte de réception du Premier ministre canadien Justin Trudeau. Les critiques à l'encontre de la chasse sont soutenues par des experts, notamment des scientifiques, des vétérinaires, des économistes et des analystes du commerce mondial. Même l'industrie de la pêche s'est inquiétée du fait qu'une chasse aux phoques élargie pourrait avoir des conséquences négatives sur l'accès au marché et l'acceptation des poissons et fruits de mer canadiens, ce qui aurait de graves répercussions économiques sur les communautés de pêcheurs côtiers.
Nous devons maintenir la pression. Le Canada doit suivre les preuves scientifiques plutôt que de céder aux pressions des syndicats de la pêche qui accusent à tort les phoques de manger trop de poissons. Faites entendre votre voix et agissez dès aujourd'hui en demandant au Canada de mettre un terme définitif à la chasse commerciale aux phoques sur la côte est.
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