à la rencontre des Massaïs pionnières qui protègent la faune d’Amboseli
à la rencontre des Massaïs pionnières qui protègent la faune d’Amboseli
21 avril 2019
Autour du parc national d’Amboseli au Kenya, on trouve environ 60 000 hectares de territoires communautaires que se partagent les habitants et la faune sauvage. Le Ranch collectif Olgulului-Ololarashi (OOGR) se trouve au sein de la région possédant la plus riche biodiversité du pays. Pour cette raison, elle est particulièrement vulnérable aux menaces, notamment le braconnage, les conflits entre l’humain et la faune et le trafic d’animaux sauvages. Désormais, une équipe de huit jeunes femmes massaïs sont en première ligne pour protéger et défendre ces animaux tout en aidant à réduire les disparités entre les sexes dans la conservation.
L’Équipe des lionnes est une des premières unités d’écogardes entièrement féminines du Kenya. Elles ont rejoint les Écogardes locaux d’Olgulului (OCWR) qui, à travers six bases et une unité mobile, protègent la faune sauvage de l’OOGR dans le cadre du projet d’IFAW tenBoma, une initiative innovante de protection de la faune sauvage.
« Dans la plus grande région d’Amboseli, parmi plus de 300 écogardes, il n’y avait, à ma connaissance, qu’une seule femme, explique le Lt. Col. Faye Cuevas, Vice-présidente d’IFAW. Il était nécessaire d’agir. »
Après une évaluation collégiale et intensive du leadership réalisée par un panel de représentants de tenBoma et le Directeur de la sécurité d’OCWR, les femmes de l’Équipe des lionnes ont été sélectionnées sur la base de leur réussite académique et de leur force physique. Elles devaient également prouver leur fiabilité, leur discipline et leur intégrité.
« En tant que premières femmes à rejoindre les Écogardes d’OCWR, chaque recrue de l’Équipe des lionnes apporte une nouvelle perspective et une expérience différente de la faune sauvage comparées à celles apportées par leurs collègues masculins, explique Faye Cuevas. Leurs voix sont importantes pour la protection de la faune sauvage et pour rappeler aux communautés les avantages que ces dernières peuvent retirer en partageant les territoires avec de magnifiques grands félins et d’autres animaux qui vivent sur l’OOGR. »
Les recrues sont âgées de 19 à 26 ans et sont toutes les premières dans l’histoire de leur famille à obtenir un emploi. Pour beaucoup d’entre elles, rejoindre l’Équipe des lionnes a changé leur vie. En moyenne, les jeunes filles massaïs quittent l’école autour de l’âge de 10 ans. Même parmi les femmes massaïs qui finissent des études supérieures, la plupart n’ont pas l’opportunité de rechercher un emploi ou de trouver une indépendance financière.
« C’est rare que les femmes massaïs finissent l’enseignement secondaire, ajoute Faye Cuevas. Mais toutes les écogardes de l’Équipe des lionnes ont suivi l’équivalent d’un enseignement secondaire américain et aucune d’entre elles n’avait eu un emploi rémunéré avant aujourd’hui. Cette initiative fait tomber les barrières. »
Situé sur la frontière entre la Tanzanie et le Kenya, l’OOGR est une vaste région de territoires communautaires traditionnels des Massaïs, qui comprennent presque la totalité du parc national d’Amboseli. Au sein de l’écosystème d’Amboseli, l’OOGR représente, à lui seul, 90 % des habitats et des corridors migratoires de la faune sauvage, dont font partie les 2 000 éléphants du parc. Formant un demi-cercle autour d’Amboseli, c’est un passage indispensable pour la migration des éléphants. Chaque éléphant qui quitte le parc national traverse cette région, qu’il migre vers le sud ou vers le nord.
« Parce que nous préservons notre environnement, les animaux sont là, dit Loise, une écogarde de l’Équipe des lionnes. Grâce aux animaux sauvages, il y des devises étrangères. En tant qu’écogarde, je dois maintenant expliquer ça aux autres femmes. Je voudrais aider notre communauté et être un bon exemple. Je travaille et j’en suis heureuse. »
L’OOGR et Amboseli abritent également d’autres animaux sauvages, comme les girafes, les lions, les léopards, les guépards, les babouins, les zèbres, les buffles et les singes vervets. En raison de la proximité d’Amboseli avec une frontière poreuse de la Tanzanie et de l’envergure des menaces, telles que le braconnage, les massacres en représailles et le trafic de faune et de parties d’animaux, toute la faune de la région est potentiellement en danger. L’Équipe des lionnes et les écogardes d’OCWR sont la première ligne de défense pour protéger et préserver la faune sauvage de ces vastes territoires communautaires.
« Nous encourageons les gens à prendre soin des animaux, car dans notre communauté, si un lion entre dans un boma ou dans notre village, les habitants le chassent du village et le tuent. Nous les encourageons donc à voir et à comprendre l’importance des animaux », explique Sharon, membre de l’Équipe des lionnes.
L’Équipe des lionnes va suivre une formation initiale avec les Écogardes de l’OCWR, avant de poursuivre sur une formation basique d’écogarde de 21 jours qui les intégrera aux six bases réparties dans l’OOGR. En plus de soutenir les opérations de protection de la faune dans la région, une grande partie de la mission de l’Équipe des lionnes sera d’échanger avec les femmes massaïs et de préserver l’engagement des communautés pour la conservation lors de visites d’écoles ou en encourageant l’implication communautaire.
« Pour moi, faire partie de l’Équipe des lionnes, c’est montrer que les femmes peuvent avoir une opportunité, explique Purity, écogarde de l’Équipe des lionnes. J’acquiers des compétences et des connaissances sur la conservation et la protection des animaux sauvages. Je retournerai dans ma communauté et leur expliquerai l’importance de la conservation. Je leur montrerai grâce à mon expérience. Vous tuez ce lion, vous tuez votre avenir. »
La présence de l’Équipe des lionnes a créé une demande au sein de certaines communautés massaïs pour plus de leadership féminin au sein des projets de conservation et pour plus de femmes écogardes.
« La création de l’Équipe des lionnes interpelle vraiment la communauté massaï, déclare Faye Cuevas. Une doyenne massaï vivant en dehors de l’OOGR était présente à la dernière réunion communautaire et a dit : 'Je nous lance le défi, en tant que peuple massaï, d’avoir une femme recrutée tous les quatre écogardes.' C’était vraiment incroyable. Diffuser ce message signifie que nous pouvons continuer à optimiser tenBoma afin de permettre aux écogardes d’agir, de manière préventive, pour empêcher tout préjudice à la fois à la faune et aux communautés qui partagent l’immense territoire de l’OOGR. »
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