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En Afrique, des éléphants sont tués par des braconniers tous les joursfoire aux questions sur les écogardes : protéger la faune sauvage africaine pendant la pandémie de COVID-19
foire aux questions sur les écogardes : protéger la faune sauvage africaine pendant la pandémie de COVID-19
Pendant la pandémie de COVID-19, les gouvernements d’Afrique australe et orientale ont déclaré que le travail des écogardes était un service essentiel. Pourquoi ?
La faune et les autres ressources naturelles sont la base de l’industrie touristique florissante en Afrique. Les écogardes sont ainsi en première ligne pour empêcher les crimes contre les espèces sauvages, comme le braconnage qui a lieu dans de vastes zones protégées et dans les zones communautaires riches en biodiversité. Il n’y aura jamais assez d’écogardes. Ils ont besoin d’aide.
Alors que les pays d’Afrique sont confinés, les activités normales dans les parcs nationaux et les zones protégées, comme la circulation des touristes, les travaux de construction et d’entretien, qui apportent des yeux et des oreilles supplémentaires dans ces espaces, sont pratiquement à l’arrêt. La menace qu’est le braconnage s’intensifie.
En déclarant que le travail des écogardes est un service essentiel, on maintient chaque écogarde à son poste et on lui permet de réagir rapidement et efficacement pour stopper les criminels.
Quelles sont les difficultés que pose le COVID-19 pour les économies d’Afrique australe et orientale ?
Les voyages transfrontaliers ayant pratiquement cessé, les pays du sous-continent qui tirent une part importante de leur PIB des recettes du tourisme ont été gravement impactés par le COVID-19. Des pays comme le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Zimbabwe et la Zambie tirent des revenus importants des dépenses touristiques des visiteurs, pour la plupart occidentaux et asiatiques, qui se rendent dans leur pays pour profiter de leurs atouts naturels et de leur faune.
Des inquiétudes ont été exprimées selon lesquelles, si le tourisme ne parvient pas à se rétablir après la COVID-19, de grandes parties des terres anciennement protégées risquent d’être converties pour une utilisation des terres qui n’est pas favorable à la faune. Cela pourrait notamment être une utilisation agricole qui soulève également des préoccupations quant aux conflits entre l’homme et la faune. Le risque est d’entraîner la perte d’habitats pour la faune et la connectivité entre et au sein des écosystèmes.
Comment la fermeture des hôtels, des gîtes et des installations touristiques peut-elle permettre l’augmentation du braconnage dans les zones protégées ?
Dans une ville comme Victoria Falls au Zimbabwe, qui est un site du patrimoine mondial, des dizaines de milliers de touristes se rendent chaque année aux célèbres chutes et admirent la faune sauvage dans les parcs nationaux qui l’entourent. Avec pas moins de 200 hôtels, gîtes et petites structures touristiques qui ferment leurs portes, des centaines d’employés ont été licenciés et n’ont plus aucun moyen de subsistance. Dans certains cas, cela entraînera une augmentation du braconnage à la fois pour rapporter de la nourriture et par des individus qui vendront de la viande de brousse pour gagner un peu d’argent.
Le rôle du secteur privé dans le soutien des efforts de protection de la faune sauvage ne peut être sous-estimé. En matière de location, les zones de concession où se trouvent les gîtes de safari apportent également un soutien aux parcs nationaux et aux équipes anti-braconnage au sein de ces concessions.
Pendant les périodes de crise, les systèmes de gouvernance formels sont souvent trop sollicités, ce qui donne l’occasion aux marchés noirs de se renforcer. Le crime organisé est opportuniste par nature et les crises peuvent modifier le ratio « risque/récompense » pour rendre la récompense plus attrayante. Dans ces moments-là, des personnes, qui autrement y penseraient à deux fois avant de se tourner vers la criminalité, prendront plus de risques et exploiteront la situation.
En tant que fonctionnaires, les salaires des écogardes doivent être protégés et leurs revenus garantis ?
Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas et avec l’effet catastrophique du COVID-19 sur le tourisme, les revenus sur lesquels les agences gouvernementales comptent pour payer les écogardes ont été gravement impactés.
Le Zimbabwe estime que dans les 12 prochains mois, il perdra jusqu’à 18,45 millions d’euros en raison de l’effondrement du nombre de visiteurs dans le pays. Un grand nombre de ces visiteurs se seraient rendus dans les parcs nationaux et les zones protégées, dépensant de l’argent entre autres pour l’hébergement, les droits d’entrée dans les parcs, l’alimentation et les boissons.
Au Zimbabwe, IFAW apporte un soutien opérationnel aux ZimParks pour s’assurer que les écogardes du parc national de Hwange disposent de tout ce dont ils ont besoin pour travailler efficacement. Des rations au carburant, en passant par des kits de base, nous nous assurons qu’ils reçoivent ce qui est nécessaire pour continuer à protéger la faune. Ailleurs, nous augmentons les salaires pour que les écogardes soient préservés du stress en sachant qu’ils peuvent continuer à soutenir leur famille restée chez eux pendant qu’ils combattent les braconniers dans la brousse.
Qu’en est-il alors des écogardes communautaires et de leurs salaires ?
Les écogardes du gouvernement, tels que ceux du Kenya Wildlife Service (KWS) au Kenya, sont sous la juridiction du KWS et effectuent leurs patrouilles dans les zones protégées telles que les parcs nationaux et les réserves. Les écogardes communautaires effectuent eux leurs patrouilles sur les terres communautaires où les animaux sauvages sont la plupart du temps. La plupart des parcs nationaux et des réserves n’étant pas clôturés, les animaux sauvages sont libres de se déplacer sur les terres communautaires à la recherche d’eau et de nourriture. À Amboseli, les terres communautaires de 150 000 hectares sont surveillées par 76 écogardes communautaires. La région est située le long de la frontière entre le Kenya et la Tanzanie et depuis la détection du COVID-19, la baisse des revenus du tourisme a entraîné le licenciement de certains écogardes de Tanzanie par des organisations de gouvernance communautaire. IFAW a donc augmenté la zone de patrouille de ses 76 écogardes communautaires pour assurer la sécurité de la faune sauvage dans la région, ce qui entraîne des besoins plus importants en termes de véhicules, de carburant, de coûts d’entretien, etc.
Pourquoi est-ce qu’IFAW se charge de l’aide en matière de prévention pour les écogardes et les communautés ?
Aucun de ces groupes ne vit dans l’isolement. Bien que les écogardes travaillent et vivent la plupart du temps dans les parcs nationaux, leurs maisons se trouvent généralement dans les communautés qui entourent de près ces zones protégées. Pour la tranquillité d’esprit de nos écogardes et de leurs familles, nous devons aider à assurer leur sécurité.
Les écogardes constituent la première ligne de défense dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Ils entrent en contact avec des braconniers ou même des communautés dans le cadre de leurs fonctions, présentant donc des risques élevés de contamination. Il est impératif de protéger les écogardes pour qu’ils puissent assurer l’application de la loi et protéger les espèces sauvages. La distribution de produits de base comme les masques, le désinfectant et les gants permettra à tout le monde de rester à l’abri des infections.
Au Kenya, par exemple, tous les écogardes communautaires des régions d’Amboseli, de Tsavo et du Kilimandjaro qui n’étaient pas en service avant l’épidémie de COVID-19 ont été rappelés et seront donc éloignés de leurs proches pendant une période prolongée. IFAW leur a fourni des masques et du Gel hydroalcoolique pour les mains lorsqu’ils partent en patrouille, ainsi que de l’eau et du savon en plus pour les avant-postes. Nous avons également fourni des directives de sécurité COVID-19 sur la manière d’utiliser efficacement ces produits et pour l’élimination correcte des masques lorsque des masques jetables sont utilisés.
Au Malawi et en Zambie, notre effort pour limiter les effets du COVID-19 a consisté à fournir de nouveaux vélos aux agents communautaires sur le terrain afin qu’ils puissent atteindre plus rapidement les villages et campements. Avec le soutien de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), ces personnes ont été formées pour sensibiliser les communautés sur la sécurité liée au COVID-19. Les gouvernements reconnaissent que la conservation des espèces sauvages, en particulier l’application de la loi, reste un service essentiel. Il est essentiel d’atténuer les risques que présente le COVID-19 pour les écogardes afin d’éviter l’effondrement de la stratégie d’application des lois dans les parcs nationaux et de gestion des zones protégées.
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