Grace Ge Gabriel
« Pour assurer la survie des animaux et des humains sur cette planète, nous devons impérativement changer de comportement. »
stopper le commerce des espèces sauvages, peu importe sa finalité
Choc ! Honte ! Fureur ! Je vis une véritable explosion d’émotions depuis que j’ai appris qu’une injection contenant de la bile d’ours était recommandée comme traitement contre le coronavirus par la Médecine traditionnelle chinoise (MTC).
Depuis que des experts chinois ont découvert que le commerce d’animaux sauvages était la véritable boîte de pétri qui avait créé la pandémie de coronavirus, le monde a réalisé que ce commerce représente une menace sérieuse pour la santé publique, la biosécurité et la sécurité mondiale.
Alors que le COVID-19 fait des ravages dans le monde, paralysant les économies et infligeant de la douleur et des souffrances, les intérêts commerciaux derrière la pratique cruelle des fermes à ours tirent des profits énormes grâce au commerce d’une espèce sauvage particulièrement menacée.
J’ai regardé de plus près le protocole de traitement proposé, avec une injection de Tanreqing (痰热清注射液) réputée contenir de la bile d’ours sur la liste des sept injections brevetées, recommandées uniquement pour les cas « graves » et « critiques ». Parmi les douzaines de remèdes, on trouve plus de cent ingrédients, tous issus des plantes et minéraux.
Le fait que la bile d’ours fasse partie des ingrédients recommandés rajoute de l’indignation à ma colère. Il suffit d’une pomme pourrie pour gâter tout le tas. La simple présence de bile d’ours dans les recommandations ruine la réputation de la MTC, qui appartient à mon patrimoine culturel.
J’ai toujours admiré la sagesse de la MTC qui prône que prendre soin de sa santé est aussi important que de traiter les maladies. En tant que pratique médicale traditionnelle, la MTC comprend l’acupuncture, le Tai Chi, le Qi Gong et des remèdes à base de plantes. Depuis le début de l’épidémie, j’ai vu la MTC participer à la prévention de la maladie. Tous les jours sur WeChat, je vois des praticiens de MTC poster des vidéos didactiques et des blogs pour aider les personnes confinées chez elles à renforcer leur système immunitaire par de l’acupression, des massages et des exercices.
La pharmacopée en MTC est composée en majorité (97 %) d’ingrédients issus des plantes et des minéraux.
Les praticiens de MTC prescrivent des traitements en se basant sur l’état de santé individuel de chaque personne et sur la disponibilité des ingrédients. Le Dr Chen Keji, de l’Académie chinoise de Médecine traditionnelle chinoise, m’a expliqué « (qu’) un ingrédient utilisé il y a mille ans, lorsque rien d’autre n’était disponible, n’était pas forcément nécessaire aujourd’hui ». Des alternatives peuvent être trouvées pour remplacer les ingrédients faits à partir d’animaux sauvages. Et effectivement, depuis que le gouvernement chinois a interdit l’utilisation d’os de tigre et de corne de rhinocéros, les chercheurs ont trouvé des alternatives reconnues par la MTC à partir de diverses plantes et de divers ingrédients ne provenant pas d’animaux sauvages.
Dans les années 90, en réaction au déclin des populations d’ours sauvages, le gouvernement a interdit la chasse des ours. Avant même l’interdiction de commercialisation, la pénurie de vésicules biliaires avait forcé les praticiens de MTC à chercher des substituts. D’après des médecins exerçant en cliniques de MTC, la vésicule biliaire d’ours joue toujours un rôle auxiliaire dans les remèdes. Les vésicules provenant d’ours sauvages sont bien trop chères et trop difficiles à se procurer, et la bile issue de fermes à ours n’offre aucune garantie d’hygiène et peut être dangereuse. Alors ils ont choisi d’utiliser à la place des herbes qui offrent des propriétés médicinales similaires.
Mais les intérêts commerciaux liés aux fermes à ours, en se dissimulant derrière la MTC, ont fait pression sur le gouvernement pour écarter les alternatives à base de plantes et les remplacer par de la bile d’ours. Et ils ont malheureusement réussi. Plutôt que d’éliminer les fermes à ours par le manque de débouchées, le gouvernement a autorisé des grandes entreprises pharmaceutiques à consolider les petites fermes à ours. Leur produit, une injection de bile d’ours d’apparence plus acceptable, a cherché et trouvé son marché.
Les fermes à ours, qui extrait la bile d’ours vivants, répugnent l’opinion publique chinoise autant qu’elles répugnent les Occidentaux. En 1998, une enquête réalisée à la demande d’IFAW a révélé qu’après avoir découvert la cruauté des fermes à ours, 70 % des personnes interrogées déclarent qu’elles n’utiliseront pas de bile d’ours. En 2012, une entreprise, associée aux fermes à ours, aurait pu avoir son introduction en bourse sans un tollé général de l’opinion publique sans précédent sur les nouveaux réseaux sociaux chinois.
Dans une lettre ouverte condamnant la recommandation de la bile d’ours, la Capital Animal Welfare Association affirme que l’injection de Tanreqing avait déjà été mise sur liste noire par les autorités de santé chinoises en raison du nombre important d’effets secondaires. En permettant à une entreprise pharmaceutique d’apporter son « plat privé » contaminé au banquet national, prévient l’ONG chinoise, nous laissons la minorité des fermes à ours prendre en otage le pays tout entier et ses 1,4 milliard d’habitants.
Le COVID-19 est la conséquence directe du commerce d’animaux sauvages. Les risques de maladies se retrouvent à chaque maillon du commerce d’espèces sauvages. Les virus ne font pas de distinction entre les animaux sauvages utilisés pour l’alimentation ou la médecine et ceux utilisés comme animaux de compagnie exotiques. Pour prévenir de futures pandémies, nous devons mettre un terme au commerce des animaux sauvages, peu importe sa finalité.
-Grace Ge Gabriel, Directrice régionale Asie
Grace Ge Gabriel
« Pour assurer la survie des animaux et des humains sur cette planète, nous devons impérativement changer de comportement. »
Prévention de la criminalité liée aux espèces sauvages — Chine
le commerce de l’ivoire est mondial, à l’image de la menace sur les éléphantsMises à jour
entrée en vigueur d’une interdiction de l’ivoire commercial dans la RAS de Hong Kong
lire plusMises à jour
déclaration d'ifaw en réponse au rapport de l'OMS sur l'origine probable de la pandémie de la COVID-19
lire plusBlog
combattre la criminalité liée à la faune sauvage - un intérêt commun pour les États-Unis et la Chine
lire plusSans vous, nous ne pouvons rien faire. Le moindre don peut nous aider à protéger les animaux. N’hésitez plus.
Unfortunately, the browser you use is outdated and does not allow you to display the site correctly. Please install any of the modern browsers, for example:
Google Chrome Firefox Safari