L’impact du changement climatique sur les océans
L’impact du changement climatique sur les océans
28 mai 2024
Les effets du changement climatique n’épargnent aucun endroit de la planète, et les océans ne font pas exception. Face à la hausse des températures et au dérèglement des phénomènes météorologiques, le délicat équilibre des écosystèmes marins est en effet de plus en plus menacé.
Les océans sont le plus vaste puits de carbone de la planète : ils absorbent environ 90 % de la chaleur générée par les gaz à effet de serre et 30 % des émissions de carbone. Le carbone stocké dans les océans est appelé carbone bleu. La santé et la stabilité des océans sont essentielles à l’atténuation des effets du changement climatique : si nous n’y accordons pas une attention prioritaire, nous risquons de perdre l’un de nos plus grands atouts dans la lutte contre le changement climatique.
Mais quel est l’impact concret du changement climatique sur les océans ? Élévation du niveau des mers, perte de biodiversité, vagues de chaleur marines, acidification des océans… En analysant ces différentes conséquences, cet article vous invite à découvrir pourquoi nous devons tout mettre en œuvre pour protéger les océans et ce que chacun peut faire à son niveau.
Élévation du niveau des mers
À l’échelle des océans, l’une des conséquences les plus visibles du changement climatique est l’élévation du niveau des mers. Ce phénomène, provoqué plus précisément par le réchauffement climatique, est dû à deux principales causes. La première est que la hausse des températures fait fondre les glaces et les calottes glacières, ce qui augmente la quantité d’eau contenue dans les océans. Parallèlement, l’eau des mers se dilate lorsqu’elle se réchauffe, ce qui a pour effet de gonfler le volume des océans.
Le niveau des mers a augmenté de plus de 23 centimètres depuis 1880, dont environ six centimètres depuis 1993. Ces chiffres montrent que le changement climatique d’origine anthropique s’est accéléré au cours des dernières décennies. Les chercheurs estiment qu’à l’échelle mondiale, le niveau des mers augmente désormais de plus de 2,5 centimètres tous les dix ans.
Pourquoi c’est un problème
Si la hausse du niveau des mers ne semble pas forcément être une menace à première vue, ses implications sont en réalité bien plus vastes qu’on ne l’imagine.
En effet, l’augmentation du volume des océans accroît le risque de fortes marées, d’inondations dues à des marées de tempête et d’autres événements météorologiques extrêmes. Les communautés côtières et les régions de basse altitude sont tout particulièrement exposées aux inondations et à l’érosion des côtes, ce qui menace non seulement leur sécurité, mais aussi leurs moyens de subsistance et leur mode de vie.
Les écosystèmes marins sont eux aussi impactés par la hausse du niveau des mers. Des espèces telles que les otaries, par exemple, dont les colonies côtières et les sites d’échouerie sont déjà menacés par les activités humaines et la perte d’habitat, voient leur situation s’aggraver à mesure que le niveau de la mer empiète sur leurs sites de reproduction.
Vagues de chaleur marines
Les vagues de chaleur marines (ou canicules marines) correspondent à des périodes prolongées de températures inhabituellement élevées dans l’océan. Sous l’effet du changement climatique, ces vagues de chaleur deviennent aujourd’hui de plus en plus longues, fréquentes et intenses : elles peuvent perdurer pendant des jours, des mois ou des années, sur de vastes étendues de l’océan et jusque plusieurs centaines de mètres de profondeur. Or, les vagues de chaleur comportent autant de risques pour les êtres humains, sur terre, que pour les espèces marines dans l’océan.
Pourquoi c’est un problème
L’une des conséquences les plus connues de l’augmentation des températures et des vagues de chaleur en mer est le blanchissement des coraux. Ce phénomène se produit lorsque les coraux expulsent les algues qui vivent en symbiose dans leurs tissus, en réaction à une exposition prolongée à des températures élevées. Les coraux se retrouvent alors privés de leur principale source de nourriture, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies et à la pollution et accroît leur risque de mortalité. Reconnaissables à leur couleur blanche ou « délavée », les récifs coralliens morts ne peuvent plus abriter la riche biodiversité qu’ils accueillaient auparavant, ni stocker de dioxyde de carbone de l’atmosphère.
Les vagues de chaleur marines peuvent également favoriser la prolifération d’algues toxiques, dérégler les cycles des nutriments dans les océans, mais aussi modifier la répartition et l’abondance de certaines espèces aquatiques.
L’Arctique est particulièrement sensible aux variations de températures, ce qui a des répercussions sur plusieurs espèces. Chez les narvals, par exemple, la fonte de la banquise réduit le nombre de proies à disposition et peut entraîner une concurrence accrue, à mesure que de nouvelles espèces prédatrices migrent vers cet écosystème en mutation. Les ours polaires sont une autre espèce bien connue à être également touchée par la fonte de la banquise : vous avez peut-être déjà vu des images de ces ours échoués sur de minuscules blocs de glace, images frappantes qui rappellent à quel point la perte d’habitat et de sources de nourriture est un problème critique et urgent pour cette espèce.
Acidification des océans
Moins connue mais tout aussi dangereuse, l’acidification des océans est une autre conséquence du changement climatique qui représente une grave menace pour les écosystèmes marins à travers le monde. L’océan est un immense puits de carbone, qui absorbe du dioxyde de carbone de l’atmosphère. Cependant, cette capacité d’absorption n’est pas infinie : au-delà d’un certain seuil, les écosystèmes marins en pâtissent.
Lorsque le CO2 se dissout dans l’océan, il réagit avec les molécules d’eau et produit de l’acide carbonique, ce qui réduit le pH et augmente l’acidité de l’eau. Ce phénomène, que l’on appelle l’acidification des océans, a fait chuter le pH moyen des océans de 8,2 (un niveau relativement alcalin) à 8,1 (un niveau plus acide). Même si cette diminution du pH peut sembler insignifiante, elle correspond en réalité à une augmentation de 25 % de l’acidité des océans au cours des deux derniers siècles.
Pourquoi c’est un problème
L’acidification des océans représente une menace majeure pour les organismes marins, en particulier ceux dotés d’une coquille ou d’un squelette en carbonate de calcium, tels que les coraux, les crustacés et certains types de plancton. Sous l’effet de l’acidification, les coquilles de ces créatures commencent à se dissoudre : plus l’eau est acide, plus elles se dissolvent rapidement ! En affaiblissant leur intégrité structurelle, ce phénomène les rend plus vulnérables aux perturbations physiques, aux maladies et à la prédation. Ces animaux doivent ensuite dépenser plus l’énergie pour épaissir ou réparer leurs coquilles endommagées, ce qui peut freiner leur croissance. Par effet domino, ce phénomène peut perturber la chaîne alimentaire, puisqu’il réduit la quantité de nourriture disponible pour les prédateurs.
En outre, les animaux menacés par l’acidification des océans jouent le rôle de réservoirs de carbone et contribuent ainsi à atténuer le changement climatique. Mais lorsque leurs coquilles se dissolvent, ils ne peuvent plus s’acquitter de cette fonction naturelle d’absorption de carbone de l’atmosphère.
Perte de biodiversité
La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants, des réservoirs génétiques, des habitats et des mécanismes écologiques qui soutiennent la vie sur terre. Dans les océans, la biodiversité est essentielle à l’équilibre des écosystèmes marins et à la santé des innombrables espèces qui y vivent. La biodiversité marine soutient également la santé et la stabilité de l’ensemble de la planète, en contribuant aux systèmes de production d’oxygène, au stockage du carbone, au cycle des nutriments et à la régulation du climat de la Terre. Cette biodiversité est également essentielle à de nombreuses activités économiques humaines vitales, telles que la pêche, le tourisme et la recherche pharmaceutique.
Pourquoi c’est un problème
Le changement climatique menace la biodiversité des océans de multiples manières, directes comme indirectes. L’augmentation du niveau des mers, la hausse des températures ou encore l’acidification des océans, entre autres, sont autant de phénomènes qui ont contribué à une diminution significative de la biodiversité marine.
Le changement climatique a notamment un impact très marqué sur les coraux. Souvent qualifiés de « forêts primaires des océans », les récifs coralliens abritent plus de 25 % des espèces marines de la planète. Riches d’une incroyable biodiversité, ils servent d’habitat à plus de 4 000 espèces de poissons, mais aussi des tortues, des végétaux, des invertébrés et des mammifères marins. En mettant à mal le délicat équilibre des écosystèmes coralliens, le changement climatique favorise indirectement la mort des coraux. Or, lorsque les récifs coralliens disparaissent, une grande partie des espèces qui y vivent n’ont plus de quoi se nourrir ou s’abriter, ce qui peut leur être fatal. Compte tenu de la hausse des températures mondiales (qui est une conséquence directe du changement climatique), le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que 70 à 90 % des récifs coralliens sont appelés à disparaître si les températures mondiales augmentent de 1,5°C, un chiffre qui atteint même 99 % dans l’hypothèse d’une augmentation de 2°C.
La perte de biodiversité marine fait décliner les populations de certaines espèces essentielles, telles que les superprédateurs, ce qui peut perturber les chaînes alimentaires, altérer les dynamiques des écosystèmes et diminuer la résilience des écosystèmes marins aux évolutions environnementales. Les baleines et les requins sont particulièrement touchés par la diminution de leurs sources de nourriture due à la perte de biodiversité, ce qui peut altérer leurs capacités de reproduction, menaçant ainsi la survie même de ces espèces.
Incidences sur les moyens de subsistance des communautés
De nombreuses communautés à travers le monde tirent leurs revenus de la pêche et d’autres activités liées à la mer. En d’autres termes, leur vie et leurs moyens de subsistance dépendent directement des océans. En augmentant la température des eaux marines, le changement climatique peut modifier la répartition des poissons et d’autres espèces, ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur les communautés côtières vulnérables.
Pourquoi c’est un problème
Le changement climatique peut exacerber les problèmes que rencontrent déjà les communautés côtières, tels que l’érosion des côtes, les inondations et la pollution de l’eau. À l’heure où leurs moyens de subsistance sont déjà de plus en plus menacés, de nombreuses communautés risquent de tout perdre si la hausse des températures des océans et la modification de la répartition de certaines espèces viennent les affaiblir encore plus.
En favorisant la fonte des glaces, le changement climatique contribue également à la hausse du niveau des mers. Or, ce phénomène ne fait qu’accentuer les risques d’inondations et de dommages auxquels sont exposées les communautés côtières. L’augmentation du niveau des mers favorise également l’infiltration d’eau salée dans d’importantes sources d’eau douce. Enfin, l’élévation du niveau des mers dégrade et détruit des zones humides et des marais, qui protègent la qualité de l’eau, stockent naturellement les eaux de crue, minimisent le risque d’érosion des eaux de surface et servent d’habitats à de nombreuses espèces sauvages.
En encourageant la conservation et la gestion communautaires, nous permettons à ces communautés de créer des paysages marins résilients aux évolutions climatiques, au sein desquels les animaux et les êtres humains peuvent prospérer. En aidant ces communautés à s’adapter durablement au changement climatique, nous favorisons également le captage et le stockage de dioxyde de carbone de l’atmosphère.
Modification des schémas migratoires
Le changement climatique peut également modifier les schémas, le calendrier et les lieux de migration de certaines espèces, telles que la baleine franche de l’Atlantique nord, une espèce en danger critique d’extinction. Depuis quelques années, les baleines franches de l’Atlantique nord migrent de plus en plus loin vers le nord, dans les eaux de l'est du Canada, y compris le golfe du Saint-Laurent. Cette tendance en hausse est probablement imputable au réchauffement des températures de l’océan.
Un autre exemple est celui des bélugas, dont la migration via les eaux de l’Arctique est aujourd’hui perturbée par l’évolution imprévisible de la glace. En raison de la fonte rapide de la banquise, il arrive même que certains bélugas se retrouvent piégés dans la glace.
Pourquoi c’est un problème
L’évolution des schémas migratoires accentue le risque que des espèces marines se retrouvent confrontées à des activités humaines telles que le transport maritime et la pêche. En effet, à mesure que leur parcours migratoire devient de plus en plus imprévisible au fil des ans, certains mammifères marins tels que les baleines courent un risque accru d’entrer en collision avec des navires ou d’être victimes de prises accessoires. Voilà pourquoi il est important de suivre les populations de baleines et de surveiller leur comportement et leurs déplacements. IFAW a donc lancé une application de signalement de baleines pour que les personnes naviguant dans l’océan soient informées de la présence de ces mammifères et puissent les éviter à temps.
Les actions d’IFAW pour protéger les océans et atténuer le changement climatique
IFAW est à l’avant-garde des efforts mondiaux visant à protéger les écosystèmes marins et à réduire les incidences du changement climatique. Mus par un engagement inébranlable en faveur de la conservation, nous nous efforçons de relever les défis interdépendants auxquels sont confrontés nos océans et les nombreuses espèces marines qui y habitent.
Pour nous, les animaux ne sont pas uniquement des victimes du changement climatique : ils font également partie des solutions pour y faire face. Par leurs comportements naturels, ils contribuent en effet à absorber et à stocker du dioxyde de carbone de l’atmosphère, ce qui en fait d’immenses alliés dans la lutte contre le changement climatique.
L’un de nos domaines d’action prioritaires est celui de la conservation marine et de la protection des océans. Or, le changement climatique est l’une des menaces les plus urgentes qui pèsent sur la biodiversité marine, avec la surpêche, la pollution et de nombreux autres enjeux. C’est pourquoi nous travaillons avec les gouvernements, avec d’autres organisations et avec les communautés locales, afin de plaider en faveur de la conservation marine et de contribuer à la mise en place de mesures protectrices cruellement nécessaires.
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